Prélude à la célébration du 60e anniversaire de l’indépendance du Congo, le 15 août prochain, Paulin Makaya, président de l’UPC, a animé jeudi 30 juillet dernier, à Brazzaville, une conférence de presse. Il a dressé un état des lieux de la situation globale du Congo et fait des propositions de sortie de crise. L’UPC se situe à l’opposition.

Pour lui, le bilan n’est pas satisfaisant. Il propose une démarche plus inclusive. «Le peuple ne peut plus accepter un énième passage en force. Il est temps de se remettre en cause en cette période difficile de coronavirus (Covid-19) afin de réinventer la politique congolaise qui souffre depuis 60 ans de l’irresponsabilité de ses hommes politiques, en mutualisant nos énergies positives pour que le Congo soit guéri de ses blessures. Plus personne ne veut un seul instant revivre la triste et mortelle réalité du Congo», a déclaré Paulin Makaya.
Le président de l’UPC, avec le franc-parler qui le caractérise, a rappelé que son parti est bel et bien situé à l’opposition mais n’appartient pas pour le moment à aucune plateforme politique.
Il observe encore avant de s’engager: «Je voudrais être proche des véritables opposants crédibles, pas ceux qui vantent les actions du pouvoir». Et d’ajouter: «Nous sommes une force de proposition. Il faut dire à ceux qui ont l’effectivité des affaires du pays que le Congo est bien malade. Nous avons écrit au président Denis Sassou-Nguesso que le pays n’a plus besoin de passage en force. Le pays n’a plus besoin d’hommes politiques qui sont rangés par la corruption».
Le président de l’UPC estime que le plus important c’est de léguer aux jeunes générations un Congo où il fait bon vivre.
Analysant chaque secteur d’activité, au niveau politique par exemple, il a rappelé qu’on entend souvent dire que le Congo est un Etat de droit. «Or il ne peut y avoir Etat de droit sans démocratie, et pas de démocratie sans multipartisme. Il ne peut non plus y avoir multipartisme sans opposition politique crédible.
Dans l’Etat de droit, il ne saurait y avoir des prisonniers d’opinion comme nous le voyons et le vivons depuis toujours. Dans l’Etat de droit, l’équilibre des pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire et des médias) est garanti. Or, nous sommes loin de tout ça: l’exécutif dirige tout et marche sur tous les autres pouvoirs. Dans l’Etat de droit l’exercice de la démocratie est garanti : tout citoyen est libre de créer une association ou un parti politique avec un idéal à lui. Malheureusement, tous les partis adoubés par le pouvoir de Brazzaville doivent avoir les mêmes intérêts que lui».
Dans ces conditions, a souligné Paulin Makaya, tous ceux qui vont dans le sens contraire sont victimes des procès politiques, sont jetés en prison, et mis hors d’état de nuire. «Nous pouvons donc affirmer sans détours ni contours que le pouvoir de Brazzaville a muselé l’opposition politique véritable; il ne veut pas d’une opposition crédible, il tue cette opposition en procédant par: la corruption d’une partie de l’opposition à laquelle le pouvoir confie des rôles de façade c’est-à-dire de faire-valoir, le musellement des opposants responsables, et sérieux par les emprisonnements issus des procès politiques; la fabrication des candidats auxquels il donne beaucoup d’argent, sachant d’avance qu’ils ne peuvent l’inquiéter mais qui, au bout du compte, se contenteront de reconnaître sa victoire prochaine; la confiscation de l’espace politique et des libertés».
Parlant de l’élection présidentielle de 2021, il a indiqué qu’à sept mois de l’échéance on ne peut pas organiser une élection libre. Il a dénoncé les «dérives» du pouvoir qui voudrait faire voter les militaires avant tout le monde.
Afin d’éviter toute contestation pouvant conduire à des troubles souvent nuisibles à la paix et à l’unité nationale, le Président de l’UPC a fait quelques propositions de sortie de crise:
Par exemple, amnistier tous les prisonniers politiques et les exilés condamnés par contumace afin de permettre au Congo la tenue d’un véritable dialogue national inclusif;
Organiser un dialogue national inclusif sous l’égide de la communauté internationale; Mettre en place une transition politique permettant d’amorcer une alternance politique; Mettre en place un Gouvernement de transition, dirigé par l’opposition, qui aura pour principale mission la formation, de façon consensuelle avec toutes les forces vives de la nation, d’une Commission électorale nationale indépendante (CENI).

Pascal Azad
DOKO

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