La cession du Stade Franco Anselmi à la municipalité n’a pas fini de meubler la conversation des nostalgiques de cette enceinte de football, qui est l’ancêtre des stades de Pointe-Noire.
Le 15 octobre 2020, le ministre des Sports Hugues Ngouelondélé, en séjour de travail à Pointe-Noire, a au cours d’une séance de travail avec les autorités de la ville, annoncé sa décision de céder la gestion du Stade Franco Anselmi aux autorités municipales. La municipalité a pour but de le détruire pour en faire, «un grand centre commercial porteurs d’emplois», expliquait le député-maire Jean-François Kando.

Non à la destruction du stade
Bien qu’il soit dans un triste état, car pas entretenu ces dernières années, il est encore bien utile, disent les nostalgiques qui ne sont pas dans la logique de détruire leur bon vieux joyau. «Pointe-Noire ne manque pas d’espaces libres pour ériger des centres commerciaux. Pourquoi ne pas le faire là où se trouve le marché de l’ex-parc d’exposition la foire ou dans la future zone économique spéciale en création? Le stade Franco Anselmi constitue pour nous, natifs de Pointe-Noire, un patrimoine historique de la ville. Quel héritage allons-nous laisser à nos enfants? Aujourd’hui, nous parlons de la baisse de niveau de notre football. Parmi les causes, le manque criard des espaces de jeux pour les enfants», note avec amertume Jean De Dieu Tchivika, un ancien dirigent du FC Abeilles.
Florence Beyanguele, supportrice de l’AS Cheminots n’est pas en reste et penche pour la réhabilitation de Franco Anselmi: «J’étais déçue quand j’ai suivi cette information à la télévision. L’idée de création d’emplois n’est pas mauvaise. Mais, combien de personnes vont travailler là-bas? La ville a besoin de s’étendre. Avec les recettes générées par les marchés domaniaux au quotidien, le Conseil peut construire son super-marché à Vindoulou ou ailleurs pour, semble-t-il, booster son assiette fiscale. Au lieu de détruire le stade, pourquoi ne pas l’améliorer en le dotant par exemple d’une pelouse synthétique, de vestiaires et de toilettes modernes comme l’exige la Fifa, afin qu’on ait deux stades à Pointe-Noire? Ainsi, les jeunes auront du travail. Non ! ne détruisez pas notre stade ».
Pour la petite histoire, les travaux de construction du «Stade A.S.P.» ont commencé en 1939. C’était une propriété de l’A.S.P. (Association sportive ponténégrine : (pour Blancs uniquement). En 1953, en souvenir de Franco Anselmi qui s’était tué le 8 mars 1952 aux commandes d’un aéronef du club, le stade est rebaptisé «Stade Franco Anselmi». Grand sportif et ami des jeunes, Franco Anselmi a fondé l’A.S.P.
Ce stade a porté des centaines de joueurs sur les fonts baptismaux du football et vu passer de prestigieux joueurs comme Edson Arantes Dos Nascimento dit «roi Pélé» et son équipe, FC Santos. Pelé a joué et gagné sur le sable mouillé du stade Franco Anselmi contre la sélection du Kouilou, le 17 janvier 1969. Score final: 3 à 0. C’est l’un des souvenirs qui plaident à la non destruction de Franco Anselmi. Cela suffira-t-il?

Equateur Denis NGUIMBI