Pour l’orchestre tradi-moderne congolais «Tshi-Fumb’», la femme africaine doit renouer avec les valeurs traditionnelles des femmes d’autrefois. Ce vœu est exprimé dans son nouvel album intitulé «Biyawula». En vili, une langue bantoue parlée en Angola, au Congo et au Gabon, le long de l’Atlantique, «Biyawula» signifie foulard de tête ou turban. Jadis et naguère, il constituait, avec le pagne, la singularité, voire l’originalité de la beauté et de la parure de la femme africaine.
Cependant, de nos jours, le ‘’biyawula’’ semble avoir disparu du jargon vestimentaire de la femme africaine. Une femme africaine qui a renoncé au ‘’biyawula’’ au profit des perruques et mèches. Mais surtout des cheveux de leurs congénères asiatiques ou latino-américaines que des agences de publicité appellent «vrais» cheveux et vendus à prix d’or par des commerçants.
Or, pour le groupe «Tshi-Fumb’», ce n’est pas seulement une affaire vestimentaire.
Dans la chanson «Biyawula», titre phare de l’album éponyme présenté récemment à l’Institut français du Congo (IFC) de Pointe-Noire, le groupe tradi-moderne explique que le renoncement au ‘’biyawula’’ est symptomatique de la disparition de l’ensemble des valeurs traditionnelles et vertus qui caractérisaient la femme africaine d’autrefois.
C’est dire jusqu’à quel point «l’affaire est grave». «Arrête, jeune fille. Va chez ta maman pour apprendre à faire la cuisine», comme on peut entendre dans la chanson exécutée en vili. Grave pour une bonne partie de la gente féminine du continent aujourd’hui subjuguée par la culture occidentale véhiculée à travers plusieurs supports dont les séries des telenovelas.
«Biyawula n’est qu’un symbole pour dire qu’il faut porter les enseignements et les conseils sur la tête et renouer avec la mode traditionnelle et perpétuer les valeurs traditionnelles africaines», expliquait Sylvain Matouti, un des responsables de Tshi-Fumb’.
À travers ‘’Biyawula’’, ainsi que les onze autres titres chantés tous en vili, Tshi-Fumb’ vient de réaffirmer son dessein de faire de la promotion des valeurs ancestrales un véritable challenge. Et ça lui réussit déjà, comme en témoignent le titre de meilleur orchestre du Prix Pool Malebo music awards reçu à Kinshasa l’année dernière et le Prix Tchicounda remporté en 2015 à Pointe-Noire.
John NDINGA-NGOMA