Comme c’est le cas dans la vie de tout Homme, après un temps plus ou moins long de dur labeur, notre corps demande à se reposer pour refaire nos forces. Cependant le «repos» pour lequel nous ouvrons cette tribune, s’intéresse à la retraite de nos évêques émérites. Sans pour autant passer pieds joints sur la situation des autres catégories ecclésiales (prêtres, religieux et religieuses). En d’autres termes, quelles sont les stratégies mises en place par nos diocèses ainsi qu’au niveau de la Conférence épiscopale du Congo (C.E.C), pour permettre à tout ouvrier apostolique en situation de retraite de vivre sereinement son temps de repos et/ou de retraite? Comme c’est le cas dans la vie de tout Homme, après un temps plus ou moins long de dur labeur, notre corps demande à se reposer pour refaire nos forces. Cependant le «repos» pour lequel nous ouvrons cette tribune, s’intéresse à la retraite de nos évêques émérites. Sans pour autant passer pieds joints sur la situation des autres catégories ecclésiales (prêtres, religieux et religieuses). En d’autres termes, quelles sont les stratégies mises en place par nos diocèses ainsi qu’au niveau de la Conférence épiscopale du Congo (C.E.C), pour permettre à tout ouvrier apostolique en situation de retraite de vivre sereinement son temps de repos et/ou de retraite?

1. Maison de retraite encore en «gestation»
C’est un secret de polichinelle: l’Eglise du Congo-Brazzaville après 138 ans d’évangélisation (1883 – 2021) vit encore une certaine angoisse en ce qui concerne la retraite de ses pasteurs et ouvriers apostoliques. En effet, d’aussi loin que l’on se souvienne, Mgr Barthélemy Batantu (d’heureuse mémoire) fut l’unique qui a semblé «jouir» d’une «bonne» retraite avant qu’il ne soit emporté peu de temps après par la maladie. C’est ce que rappellera d’ailleurs Mgr Ernest Kombo au cours de son oraison funèbre (qualifiée entre autre d’incendiaire) en disant: «Monseigneur Barthélemy Batantu, notre doyen, en 42 ans d’épiscopat au Congo Brazzaville, vous êtes le 6e à partir et le premier des 6 à avoir joui d’une retraite, signe de bénédiction, comme il arrive à tous les bons travailleurs. Oui, c’est une bénédiction d’avoir une retraite, dans sa profession. Mais vous êtes témoin que, aujourd’hui, les retraités sont maltraités. Et vous-même, vous en avez fait l’expérience qu’au Congo, il n’y a pas une maison pour accueillir les prêtres retraités! Il n’y a pas de maison de résidence pour les évêques retraités. Ce qui fait que quand la retraite pointe à l’horizon, c’est l’angoisse; on est aux abois. Vous en étiez et vous en êtes, le témoin. Témoin de 4 décennies durant, nous sommes en droit, nous vos cadets, de vous considérer maintenant comme notre messager» (Mai 2004).

2. Relire en profondeur Ac 2, 44 – 45
En lisant le modus vivendi de la première communauté des disciples on se rend bien compte que «Tous les croyants ensemble mettaient tout en commun; ils vendaient leurs propriétés et leurs biens et en partageaient le prix entre tous selon les besoins de chacun».
Hélas la situation est telle qu’aujourd’hui devant une crise financière doublée par la pandémie du coronavirus, l’Eglise du Congo-Brazzaville a vu ses entrées chutées comme un iceberg devant les rayons du soleil, et pour laquelle nombreux de jeunes prêtres se lancent dans l’exorcisme sans une bonne préparation au préalable pour imposer les mains et délivrer des «ordonnances spirituelles» envers ceux qui sont en situation de besoin (maladie, voyage, fertilité, maris de nuit …), pour se faire des entrées extraordinaires à titre personnel et être ainsi à l’abri de tout besoin, avec parfois des «glissements» vers la simonie, tout en courant la peine au canon 1380.
Faute parfois d’avoir fait la sourde oreille aux avertissements pendant l’année pastorale, l’évêque est obligé de passer à l’application des peines médicinales (Cf. Can. 1333), tandis que d’autres clercs prennent le vol en année de resourcement spirituel. On apprend même que des religieux et religieuses vivraient également des situations similaires, c’est – à – dire, celles des biens personnels, sapant du coup, l’idéal de la péréquation et du bien commun à l’image de la première communauté chrétienne. C’est donc à juste titre que le Pape François, venu du bout du monde, et qui veut une Eglise pauvre pour les pauvres, nous rappelle sans ambages qu’: «À l’opposé de la tendance à l’individualisme consumériste qui finit par nous isoler dans la quête du bien-être en marge des autres, notre chemin de sanctification ne peut se lasser de nous identifier à ce désir de Jésus: «Que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi» (Exhortation apostolique, Gaudete et exsultate, (19 mars 2018), n° 146).
Il va sans dire qu’en vivant une situation de dispersion matérielle, économique et spirituelle, le risque est de ne jamais réaliser ce projet commun même à court terme: celui d’avoir une structure de retraire diocésaine ou nationale, nous permettant de continuer de vivre dans la mesure du possible notre Fraternité sacerdotale dans un climat serein, en attendant de «régler» nos comptes avec Saint Pierre le moment venu dans les demeures éternelles.
Sur le bureau du Pape François, et en rapport avec le canon 401, des courriers invitant d’autres évêques du Congo à se décharger des diocèses arriveront dans un bref délai. Il est donc plus qu’impérieux pour notre Eglise locale de penser à cet épineux problème sans pour autant oublier «le Royaume de Dieu et sa Justice» (Mt 6, 33).
Dans la sagesse Latine on lit: «Non semper erit aetas», et se traduit: «L’été ne durera pas toujours».

Eric Béranger N’SONDE
Prêtre en mission pastorale en Italie