Formés à Cuba, en Russie, Chine, Ukraine et au Congo, les 377 nouveaux médecins et techniciens de santé, en attente de leur intégration, ont prêté serment le samedi 17 octobre dernier devant un collège des maîtres de l’Université Marien Ngouabi, conduit par le Pr. Hervé Iloki, président de séance et de l’Ordre national des médecins. En présence de Mme Jacqueline Lydia Mikolo, ministre de la Santé et des ambassadeurs de Chine et de Cuba.

La cérémonie était émouvante. Elle s’est déroulée dans l’amphithéâtre de la Faculté des Sciences économiques, au cours d’un séminaire d’information organisé à leur intention sous le thème: «Connaître le système de santé congolais pour mieux s’y intégrer».
La plupart de ces médecins ont été formés à l’étranger et dans des langues autres que le français. Au moment d’être admis comme membres de la profession médicale, ils ont l’obligation comme tous les médecins, de prêter le serment d’Hippocrate, mais cette fois-ci sans toge, comme il est de coutume. Ils se sont engagés en théorie, à considérer la santé de leurs patients comme leur premier souci et à maintenir l’honneur et les nobles traditions de la profession médicale.

Le college des maitres
Le collège des maîtres

L’ambiance était euphorique lorsqu’ils ont tous levé la main droite, en disant «Je le jure». Le Prof Hervé Iloki, président de séance et de l’Ordre des médecins du Congo, a reçu ce serment.
A noter que cette cérémonie était doublée de celle de leur réception par le corps médical. L’un d’eux a témoigné leur gratitude au président de la République et au Gouvernement pour avoir facilité leur formation. Ils ont manifesté leur disponibilité à aller servir partout dans le pays, tout en espérant que leur intégration à la Fonction publique ne connaîtra pas d’embûches.
Pour Jacqueline Lydia Mikolo, le Congo est confronté à un problème de disponibilité des ressources humaines en santé. L’analyse de la situation réalisée en 2018 révèle que cette insuffisance quantitative en personnel soignant s’est amplifiée ces cinq dernières années à cause des départs massifs à la retraite, non remplacés, et du phénomène d’émigration de ceux formés à l’étranger aux frais de l’Etat et qui refusent de regagner le pays pour le servir.
Selon le dernier annuaire des statistiques élaboré en 2019, le pays compte 8274 personnels soignants dont 469 médecins, pour une population de plus de 5 millions d’habitants. «Grâce à vous, le nombre de médecins émargeant au budget de l’Etat va connaître un accroissement de près de 40%».
Pour la ministre, le Gouvernement vient d’apporter un élément de plus, au coup de fouet du système de santé: «La joie que nous venons d’exprimer n’a d’égale que l’immensité des attentes des Congolais à votre endroit et à l’égard du Gouvernement. Tant d’efforts personnels et de toute une nation ne sauraient être hypothéqués à l’aune de la conjoncture socio-économique certes difficile de notre pays. Ces efforts imposent à tous les gestionnaires du système de santé et surtout à vous, la notion de redevabilité et de responsabilité», a dit Jacqueline Lydia Mikolo.
Et d’ajouter: «Vous constituez le précieux capital humain sans l’implication duquel, il est quasi impossible de faire face à nos problèmes de santé…L’insuffisance quantitative et qualitative en personnel de santé, notamment les médecins, et leur répartition inégale constituaient un défi majeur face auquel vous êtes l’une des réponses institutionnelles».
Après ce séminaire, «il sera organisé un parcours de considération des compétences consistant en une mise en situation réelle et encadrée dans les formations sanitaires pour une durée de 8 mois», a informé la ministre.
Ces obligations et votre responsabilité sociétale à l’égard des Congolais, a-t-elle poursuivi, «requièrent votre employabilité dans les plus brefs délais. Celle-ci comporte, d’une part, l’impérieuse nécessité de respecter l’engagement décennal pour le service public et d’autre part, votre présence effective dans tous les 52 districts sanitaires où sont mises en œuvre les interventions de la réforme du système national de santé et les activités du Plan national de développement sanitaire que se gagne le match contre la maladie et la pauvreté, dans toutes ses composantes, promotionnelles, préventives, curatives et réadaptatives».
Elle leur a demandé d’être humbles, «échangez avec vos collègues formés dans les différentes facultés, partagez vos expériences. Evitez de former des clans médicaux car les populations n’en ont pas besoin. Les patients n’ont besoin que d’une seule chose, la résolution de leur problème de santé. Le pays vous a formé pour apporter la guérison aux Congolais, partout à travers les coins et recoins de la République. C’est à cette fin que le Gouvernement a consenti d’énormes moyens pour votre formation et attend que vous lui soyez reconnaissants en acceptant d’aller travailler partout où besoin se fait sentir», a exhorté la ministre à leur endroit, tout en promettant que le Gouvernement ne ménagera aucun effort pour mobiliser les ressources nécessaires à leur épanouissement professionnel.
Jacqueline Lydia Mikolo a néanmoins averti que ce cheminement sera sans doute semé d’embûches, d’obstacles et d’incompréhensions. «Comme pour toute œuvre humaine, tout processus d’intégration et de développement nécessite des efforts soutenus, de la persévérance et de l’espérance, ce d’autant plus que jamais, notre système de santé a été emmené à absorber en une fois, autant de médecins. Mais le Gouvernement prend la ferme résolution de ne point faillir à ses obligations», a-t-elle promis.

Cyr Armel
YABBAT-NGO