Le Gouvernement de la République était face aux sénateurs le 10 août 2022, à Brazzaville. Pour répondre aux préoccupations de 9 sénateurs touchant, entre autres, l’économie, l’éducation, le social, les expropriations à Pointe-Noire. Ces 10 ministres sur les 13 interpellés se sont succédés devant la tribune et ont tenté d’éclairer la lanterne de l’opinion nationale et internationale sur la politique du président de la République édictée dans son projet de société: «Ensemble, allons plus loin». C’est Pierre Ngolo, président du Sénat qui a présidé les travaux de cette séance des questions orales avec débats.

Trois heures, c’est temps qu’a duré cette interpellation du Gouvernement au Sénat. Trois des treize ministres concernés par cette séance de questions orales avec débats étaient absents. Il s’agit des ministres Raymond Zéphirin Mboulou, de la Sécurité et de l’ordre public; Aimé Ange Wilfrid Bininga, de la Justice, des droits humains et de la protection des peuple autochtones; Guy Georges Mbacka, de l’Administration du territoire, de la décentralisation et du développement local .
Les questions des sénateurs étaient, entre autres liées au retard constaté dans l’élaboration de la loi organique sur la Cour des comptes et de discipline budgétaire, condition sine qua non pour l’obtention d’un appui budgétaire de la part de la Banque mondiale; le projet Eau pour tous lancé en 2013 dont l’objet portait sur la construction de 4400 forages dans 2000 villages sur l’ensemble du territoire national. «La majorité des forages déjà installés sont hors service», a rappelé Justin Aya.

Pierre Ngolo
Pierre Ngolo

La frilosité des banques pour accompagner les projets des jeunes à travers le Fonds d’impulsion, de garantie et d’accompagnement (FIGA); l’indemnisation des propriétaires de la zone de la raffinerie où le PAPN avait décidé d’installer les pêcheurs de nationalité étrangère au détriment des vrais propriétaires qui ne jouissent, pour certains, depuis plus de 12 ans des fruits de leurs biens pour cause d’utilité publique ont également été épinglés.
Le lancinant problème des ruptures d’approvisionnement du pays en produits pétroliers a suscité l’indignation des élus. «Aujourd’hui encore, des longues files d’attente des véhicules devant les stations d’essence laissent les citoyens congolais interrogateurs. Qu’est-ce qui justifie cette persistance des pénuries?», s’est interrogée Odette Massoussa Kombila Matéo.
Le recrutement des finalistes des écoles professionnelles, notamment la gestion du quota de 2020 et 2021 et la lenteur constatée dans la prise des textes d’application a également soulevée.
Répondant en premier, Anatole Collinet Makosso a rassuré le vénérable Jean Marie Andziba Epouma que cet avant-projet de loi organique est en pleine élaboration. «Il sera examiné en Conseil des ministres et déposé très bientôt au Parlement», a-t-il fait savoir.
Le Premier ministre a lever l’équivoque: «Nous ne le faisons pas sous la pression des bailleurs de fonds. Quoi que sa tombe à pic. Nous le faisons parce que c’est une obligation constitutionnelle, d’abord. Ensuite, parce que c’est une directive communautaire de la CEMAC», a-t-il informé.
S’agissant du recrutement des finalistes sortis des écoles professionnelles, Anatole Collinet Makosso a indiqué que 2129 d’entre eux ont intégré la Fonction publique, au titre du quota 2021.
Le processus se poursuit, a-t-il ajouté. «Pour ce quota 2020-2021, le débat peut être considéré comme clos, puisque tous les jeunes concernés bénéficient de leurs textes d’intégration. Reste le quota 2022 qui va être communiqué sous-peu».
S’exprimant sur les pénuries de carburant, Bruno Jean Richard Itoua pense que la crise actuelle est avant tout mondiale, liée à la guerre entre la Russie et l’Ukraine. «D’ordre structurel sur le plan national; opérationnel avec la nécessité pour la SLOG d’adapter ses capacités de stockage aux obligations légales et réglementaires, et d’ordre technique du fait de la CORAF qui est en arrêt d’activité pour cause de maintenance», a-t-il déclaré.
Le ministre des hydrocarbures a indiqué que la SNPC a engagé un important programme d’importation. «D’ici deux semaines, nous devrions avoir suffisamment de produits pour garantir une autonomie de carburant. Progressivement, nous allons constituer les stocks et revenir à la situation normale», a promis
Bruno Jean Richard Itoua.
Sans langue de bois, le ministre Jean Marc Thystère-Tchicaya n’y est pas allé par quatre chemins pour affirmer qu’aucune indemnisation n’a encore été réalisée auprès des propriétaires du site de la raffinerie où sont installés les pêcheurs étrangers. «Les enquêtes parcellaires se poursuivent. Il sera procédé au recensement des légitimes acquéreurs ou propriétaires des terrains expropriés. Le coût global de ces expropriations n’est pas encore connu. La périodicité de paiement dépendra des financements obtenus par le PAPN. Le Gouvernement prend l’engagement d’instruire le PAPN afin que les solutions diligentes soient trouvées à la situation des propriétaires en attente d’une indemnisation», a-t-il affirmé.
Interpellé sur le projet Eau pour tous, Honoré Sayi s’est expliqué, faisant la genèse du projet qui avait pour objectif la construction de 4400 forages dans 2000 villages sur l’ensemble du territoire national. «Par défaut de paiement, 2876 forages seulement ont été construits. Neuf ans après leur mise en exploitation, plusieurs ouvrages ne sont plus fonctionnels du fait que le projet n’avait pas la composante d’appui à la gestion des infrastructures réalisées et l’accès à l’eau potable était gratuit. Bien plus, les ouvrages n’ayant pas été réceptionnés par le maître d’ouvrage, rien ne pouvait être entrepris», a précisé le ministre.
Pour mener à bien le programme qui va permettre d’utiliser avec efficience ce projet, «il est impérieux qu’un transfert des acquis du projet soit fait à l’avenir via le ministère de l’Energie et de l’hydraulique».

Cyr Armel YABBAT-NGO