Je t’ai connu au début des années 2000 lorsque j’étais cumulativement reporter au journal Les Echos du Congo et à la Radio Liberté. Nous avons sympathisé par la fréquence de nos rencontres sur les lieux de reportage parce que nous animions chacun la rubrique politique de nos organes de presse respectifs. On s’est aimé ! Tu étais jaloux du métier de journaliste tant tu ne voulais pas t’associer avec des personnes n’ayant pas d’organes de presse crédibles mais se passant pour les journalistes. Tu les foudroyais de regard. Je t’appelais affectueusement «mon grand». Nous avons découvert beaucoup de restaurants et débits de boissons ensemble.
Tu me disais souvent avec humour : «Tiens Roger, ne montre pas un bel endroit comme celui-ci à d’autres personnes». Je te rétorquais : «Le propriétaire a besoin des clients». Et nous achevions nos échanges par un rire fraternel.
Je t’ai perdu mon grand. Toi qui aimais des vivres frais. Toi qui étais ami à plusieurs hommes politiques congolais. Parmi les articles constituant les morceaux choisis dans le livre du ministre Hugues Ngouelondelé en rapport avec la thématique de son ouvrage, figure le tien. L’auteur te portait beaucoup !
L’ancien maire de Poto-Poto, Eugene Sama, dans un papier publié dans le journal La Semaine africaine, où tu as presté pendant plusieurs années, t’avait rendu un grand hommage. Ya Azad, tu pars au moment où le métier de journaliste comme tous les secteurs sociaux empruntent la voie de l’enfer.
Tu auras les mots justes pour bien le dire aux grands journalistes qui t’ont précédé dans l’au-delà. Tu affectionnais t’habiller en veste quelles que soient les circonstances. Tu laisses un vide au sein de la presse congolaise car en dépit de ton âge, du nombre d’années que tu as fait comme reporter, tu étais toujours resté sur le terrain puis que tu avais compris qu’un journal est constitué de papiers de fond et des factuels.
Oui, mon grand tu es parti ! Tu es attendu que je sois momentanément hors du pays pour que tu quittes la terre des hommes. Adieu icône de la presse congolaise, adieu amoureux du métier que théorisait Pierre Albert !

Ton petit, Roger Ngombé