C’est tout un destin qui bascule pour le président élu du Sénégal, 44 ans, propulsé de la prison à la Présidence de la République. Candidat du PASTEF, parti du leader de l’opposition Ousmane Sonko dont il est le compagnon, Bassirou Diomaye Faye a été élu dès le premier tour avec 56,7% des voix selon les résultats provisoires, devançant ainsi son poursuivant immédiat Amadou Ba, 31,4% du pouvoir. Le président élu succède à Macky Sall, qui termine dans les tumultes ses deux mandats. C’est le cinquième président de l’histoire du Sénégal, et le quatrième musulman à la tête de l’Etat.
Le peuple sénégalais salue l’élection présidentielle du dimanche 24 mars 2024, qui tranche entre la continuité et un changement jugé radical. Le scrutin s’est tenu après trois années d’agitation et de crise politique. Les résultats publiés provisoirement donnent l’avantage au principal candidat de l’opposition Bassirou Diomaye Faye face à celui du pouvoir, Amadou Ba de la coalition Benno bokk yaakaar (BBY), très loin devant les 15 autres concurrents. Viennent après eux, Khalifa Sall 4%, Aliou Mamadou Dia 3% et Idrissa Seck 1%.
L’issue de ce scrutin qui démontre la maturité de la démocratie sénégalaise imprimée par le premier président Léopold Sédar Senghor, est aussi l’expression d’un ras-le-bol. En effet, au lendemain de la victoire de Bassirou Diomaye Faye, l’opinion commente que «le Sénégal a changé: les diplômes, l’ancienneté en politique ne suffisent plus! Le peuple en a marre de vivre toujours dans la misère, les enfants tués dans la rue, obligé de fuir aux Canaries ou au Nicaragua avec de gros risques. Pendant que ceux d’en haut roulent sur des milliards».
Parmi les réactions de ceux qui ont félicité le président élu aussitôt après l’annonce de sa victoire, il y a celle de Macky Sall. «Je salue le bon déroulement de l’élection présidentielle du 24 mars 2024 et félicite le vainqueur, M. Bassirou Diomaye Faye, que les tendances donnent gagnant. C’est la victoire de la démocratie sénégalaise», s’est réjoui le président sortant. Reconnaissant sa défaite, le perdant Amadou Ba, a lui aussi, félicité son challenger en respectant le verdict des urnes. Il s’est dit «très attaché à la République et à l’Etat de droit», et remercié les militants qui lui ont accordé leur soutien.
Dans sa première prise de parole, lundi 25 mars, le président élu a épinglé les défis qui constitueront les priorités de sa gouvernance: diplomatie, réconciliation nationale, allègement du coût de la vie, refondation des institutions. Devant la montée d’un sentiment hostile aux Occidentaux, particulièrement anti-français observé en Afrique de l’Ouest, Bassirou Diomaye Faye a assuré que le Sénégal restera «l’allié sûr et fiable» de tous les partenaires étrangers «respectueux».
Il a également manifesté son intention d’Œuvrer à des changements au sein de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), une organisation secouée depuis 2020 par la montée en puissance des régimes militaires dans plusieurs de ses Etats membres.
En élisant son deuxième plus jeune président après Abdou Diouf, le Sénégal a sans doute fait le choix de la rupture. Marié, le nouveau président est polygame
Aristide Ghislain NGOUMA
