Il y a une jurisprudence africaine en matière d’élections. Au moment où nos délégués s’apprêtent à quitter Madingou après leur participation à la concertation politique de Madingou, il ne serait pas inutile de rappeler que, en principe, c’est pour mieux préparer la présidentielle de mars prochain que cette rencontre de trois jours a eu lieu.
Mieux préparer, c’est-à-dire ôter sur le chemin de ce scrutin majeur les obstacles qui pourraient conduire à la contestation des résultats. Ridicule, d’ailleurs, de parler de fraudes possibles puisque ceux qui pourraient tricher se sont vu offrir une tribune à Madingou pour dire à l’avance les griefs qu’ils portent au futur vainqueur de ce vote. C’est comme si dans un stade, les protagonistes se mettaient ensemble pour se dire : «nous savons que nous pourrions être amenés à tricher, ne crions pas. Ou alors faisons-le, le moins fort possible, puisque Madingou nous lie» !
Le Burkina Faso vient d’organiser ses élections présidentielles remportées par le sortant, comme avant lui en Côte d’Ivoire. La rengaine maintenant c’est le «un coup, KO». Il ne s’agit plus seulement de l’emporter, mais de l’emporter au premier tour, avec des scores qui ne sont plus «soviétiques». Dépassé.
De retour de Madingou, hommes et femmes politiques du Congo vont respirer plus de confiance entre eux, seront remplis de plus d’esprit de sagesse. Car Madingou a été un pèlerinage. A défaut d’y avoir vénéré les reliques de quelque saint; d’en avoir ramené chacun sa fiole d’eau bénite, on en est revenu ressourcés, remplis de plus fraternité, de moins d’intrigues, de moins de tribalisme. Nous avons fait notre pèlerinage de Madingou, nous pouvons nous tenir tranquilles.
Les autres dialogues qui ont quand-même débouché sur des violences? Ils étaient mal préparés (c’est-à-dire mal payés), c’est tout! Le souvenir frais du chef-lieu de la Bouenza n’autorise pas à penser qu’en mars prochain, il se trouvera un seul citoyen pour contester le dirigeant que nous appellerons de nos vœux, par une élection impeccable. Ceux qui le contesteront ne seront finalement que les aigris de toujours, pour qui le pur ne l’est pas assez, le blanc toujours à blanchir.
Même le Pasteur Ntumi, qui s’est bâti une image d’homme de basses œuvres pour des missions jamais explicitées sur la place publique, a délégué ses représentants à Madingou. Alors, que demande le peuple ! Il vient même comme une envie de manger par terre, tellement les choses ont été préparées avec minutie et grand soin. Pardon, je devrais me pincer : je rêvais !

Albert S. MIANZOUKOUTA