Même les leaders de l’opposition qui avaient déclaré qu’ils ne s’y rendraient pas, ont fait le déplacement de Madingou. S’il n’y est pas physiquement présent, Mathias Dzon s’y est fait représenter par Elo Dacy, de l’UPRN. Le Gouvernement y a dépêché, outre le vice-premier ministre Firmin Ayessa, le ministre de l’Intérieur et grand ordonnateur de la rencontre Raymond Zéphirin Mboulou, mais aussi Pierre Mabiala, Anatole Collinet Makosso, Charles Nganfouomo, Antoine Nicéphore Fylla Saint-Eudes… Les membres reconnus des partis et groupements politiques de la majorité, de l’opposition et du centre, les représentants de la société civile, les présidents des groupes parlementaires, les représentants des institutions et administrations publiques, les représentants du corps diplomatique ainsi que des organismes internationaux invités y sont également.
A l’opposition aussi, on y est allé en nombre: Claudine Munari (MUST), Pascal Tsaty-Mabiala (UPADS), Guy Brice Parfait Kolélas (UDH-YUKI), Joseph Kignoumbi Kia Mboungou (La Chaine) et Anné Biby, le représentant du Parti CNR de Frédéric Bitsamou pasteur Ntumi sont présents. Seuls sont exclus les présidents des partis qui ne sont pas officiellement reconnus par le ministère de l’Intérieur.
L’objectif de cette rencontre, est de préparer la présidentielle de 2021 prévue en mars.
Pour ces acteurs politiques, il s’agit d’apaiser le climat politique avant cette échéance. «Ce qui nous rassemble ici, de par son essence, est pour toute société humaine, le ferment de l’harmonie, le catalyseur de la paix et le moteur du progrès», a déclaré Firmin Ayessa en ouvrant les travaux.
Il a appelé les participants à faire des scrutins des actes citoyens qui ne doivent pas faire déchaîner les passions. «L’élection constitue un haut moment de débats d’idées, de discussions et d’expressions démocratiques libres. Elle ne doit pas être l’occasion de déchirements politiques, de discorde du peuple, de désunion nationale et de violence civile», a-t-il indiqué.
Pour lui, sans le dialogue il n’y a pas de démocratie vivante et efficace. «Nous avons besoin de la concertation pour prévenir les tensions et les conflits qui, inexorablement, conduisent au délitement de la société. Nous avons besoin du dialogue et de la concertation parce qu’ils sont les plus sûres garanties de paix et d’unité ; parce qu’ils sont les moyens les plus efficaces de règlement des différends, de résolution des incompréhensions et des malentendus», a-t-il fait savoir.
Non invité à la concertation, Clément Miérassa s’attendait plutôt à un dialogue devant traiter de la crise multidimensionnelle que traverse le Congo. «Comme problème brûlant dans le pays, il n’y a pas que la gouvernance électorale. Le Fonds monétaire international (FMI) est là pour témoigner que le Congo a beaucoup de défis, parmi lesquels les problèmes de gouvernance et de transparence. Cette gouvernance est politique, économique et financière. Elle concerne tous les domaines», a-t-il indiqué.
Volte-face au Rassemblement pour la démocratie et le développement (RDD), où son président Jean-Jacques Serge Yhombi Opango qui avait d’abord annoncé dans un communiqué qu’il n’ira pas à cette concertation, a changé d’avis. «Je suis venu vous dire que nous, le RDD, nous serons à Madingou pour dire notre mot à cette concertation», s’est-il dit mardi devant la presse, accusant le chef de file de l’opposition d’avoir mal réparti les quotas.
Anatole Limbongo Ngoka, candidat déclaré à la présidentielle de 2021, régulièrement invité pour participer à cette concertation s’est vu empêcher d’embarquer pour un motif judiciaire. «C’est à l’aéroport qu’on m’a signifié que mon nom n’était plus sur la liste car la Cour suprême aurait rendu une décision me refusant le titre de président du chef de parti, suite à ma condamnation en 2016. J’ai donc été empêché d’embarquer, donc je suis revenu à la maison», a-t-il indiqué avec désillusion.
A l’UPC de Paulin Makaya, on estime que Madingou n’est qu’un subterfuge. «Nous demandons au pouvoir de respecter l’ordre constitutionnel. Ce qui se passe à Madingou est un faux-fuyant, cela n’a rien à avoir avec le peuple congolais. Ils sont en train de vouloir préparer leurs arrières pour avoir à manger et à boire. Nous disons, non ! Nous n’en voulons pas. Nous attendons le vrai dialogue. Mais au moment venu, nous donnerons notre position de façon claire», a-t-il affirmé.
Pour Alain Akouala, le dialogue devrait éviter aux acteurs des confrontations inutiles et meurtrières. «Je pense que le Congo ne pourra pas faire l’économie d’un dialogue refondateur à travers lequel nous définirons une vision commune. C’est une interpellation de toute la classe politique, et ce dialogue est de la mission du Conseil national du dialogue», assure-t-il comme souligner la contradiction que représente le fait de confier la tenue de la concertation au ministère de l’Intérieur, en lieu et place du Conseil national du Dialogue.

Cyr Armel
YABBAT-NGO