Les Organisations de la société civile (OSC) et le bureau du collectif des transporteurs des motos ont conjointement organisé vendredi 4 décembre, au siège de l’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH), un point de presse sur l’interdiction du transport public de passagers par des taxis motos à Brazzaville. Ce point de presse a été animé par le délégué de la société civile, Joe Washington Ebina, président de la Fondation Ebina, en présence de Maurice Nganga, coordonnateur de l’AACBDP, et des responsables du bureau du Collectif des transporteurs des motos, dont Jules Ondélé, président, Espoir Ossaela, secrétaire, et Henry Elikia, chargé de communication.

Les conducteurs des taxis motos demandent la levée de la mesure interdisant le transport public de passagers par les taxis motos avant la fin de l’année. L’interdiction entrée en vigueur depuis le 1er décembre dernier pénalise les chauffeurs de taxis motos. Aussi ont-ils suggéré que l’arrêté n°4896, signé par le ministère des transports le 1er juillet 2009 portant interdiction du transport public de passager sur les motocycles, soit remplacé par un autre réglementant leur activité.
«Nous ne sommes pas contre le Gouvernement. Nous voulons accompagner le président de la République en payant les taxes de roulage et les taxes que la marie peut nous imposer pour faire évoluer notre pays. Dans le secteur des taxis motos, il y a des chefs de famille, des responsables qui sont des étudiants, des diplômés et des ex-voyous ou des anciens bandits. Ils ont choisi ce secteur de transport public par taxis motos pour se prendre en charge. Nous demandons au président de la République de régler notre situation le plus tôt possible. Nos motos sont garées chez nous et nous n’avons plus une autre activité. Nous n’avons plus des moyens pour nous occuper de nos familles. Le transport de personnes sur taxis motos existe depuis 2007. Malheureusement, l’arrêté du ministère des Transports de 2009, entré en application en 2020, sur toute l’étendue du territoire national, n’est en vigueur que dans la ville de Brazzaville. Alors qu’il est pratiqué partout dans le pays, comme à Dolisie, à Nkayi, dans le Pool, dans la partie nord du pays. A Kinkala, on peut compter plus de 100 taxis motos, au quartier Manianga, à Brazzaville, on peut en avoir plus de 200», a expliqué Jules Ondélé.
Pour Joe Washington Ebina, cette situation concerne bien les OSC qui sont très préoccupées par la situation engendrée par l’arrêté du ministère des transports vieux de 11 ans. «Nous ne sommes pas seulement préoccupés par les transporteurs des taxis motos, mais aussi par la population congolaise. Depuis près de 11 ans, les populations se sont adaptées à ce mode de transport. Je peux rappeler que la plupart des pays sous-développés, surtout africains, sont confrontés au gros problème d’accessibilité de certains quartiers des villes, notamment les quartiers périphériques où les routes sont quasi inexistantes. Les transporteurs des taxis motos jouent le rôle de mobilité des populations, parce que les pouvoirs publics n’ont pas créé des routes pour accéder à ces quartiers. D’où la nécessité des transporteurs des taxis motos. Dans la partie nord et sud, il y a des taxis motos qui permettent aux populations vivant dans les quartiers difficiles d’aller vers les centres médicaux, les marchés et les centres administratifs. Par rapport à ce besoin, on ne peut arrêter cette activité. Sinon, les populations seront asphyxiées; elles ne pourront plus se déplacer et la vie redeviendra encore plus difficile». Les taxis motos faisant partie désormais du quotidien des populations, «nous faisons le plaidoyer pour la population congolaise bien qu’il est constaté aujourd’hui une augmentation d’accidents. Sur trois accidents, il y a au moins deux des taxis motos. Mais nous ne sommes pour l’arrêt de cette activité puisque nous estimons que cela arrive à cause d’une absence de règlementation. Il faut donc mettre en place des règles pour diminuer les accidents. Ce mode de transport assure aussi la réinsertion professionnelle des jeunes.»
Le Congo doit s’adapter à la modernisation et à son urbanisation. «Nous demandons au législateur, aux pouvoirs publics, au Parlement d’élaborer une règlementation fiable pour que ceux qui évoluent dans ce secteur afin qu’ils travaillent suivant les normes édictées par les autorités en toute liberté. Nous sommes contre ceux qui évoluent dans l’informel». Les transporteurs des taxis motos sont prêts à accepter ce qu’exigera la loi.

Philippe BANZ