Le ministre d’Etat, ministre des Affaires foncières et du domaine public, chargé des relations avec le Parlement, Pierre Mabiala, et son homologue de la Défense nationale, Charles Richard Mondjo, assistés du député maire de la ville de Brazzaville, Dieudonné Bantsimba; de la mairesse de Mfilou et des autorités militaires, ont procédé le 24 mai dernier au lancement de l’opération de déguerpissement des emprises foncières des casernes de Ndouo, Mont Barnier et Mont Mambou.

La démolition des bâtiments
La démolition des bâtiments

L’opération de déguerpissement intervient après la notification d’une mise en demeure préalable de 45 jours faite le 21 février dernier aux occupants illégaux de quitter les lieux, au plus tard le 6 avril 2023.
C’est sur le site A2 de la caserne de Ndouo, à Mfilou, dans le 7e arrondissement, qu’a eu lieu le lancement de cette opération. Un imposant dispositif de sécurité, associant les policiers, gendarmes et militaires a entouré l’opération.
Le périmètre de démolition était bouclé et les populations sommées de libérer les parcelles. Il n’y avait plus d’entrée. Les populations assistaient de loin à la destruction de leurs habitations. Elles n’en croyaient pas leurs yeux, pleins de larmes.
Le site de la caserne de Ndouo avait été acquis sur la base d’une expropriation. Il s’étend sur une superficie de 72, 67 hectares. Il comportait, 120 bâtiments construits et habités, 63 bâtiments construits non habités et 30 parcelles ou terrains non bâtis, soit 213 personnes dont 13 de la Force publique qui occupent illégalement le domaine militaire. L’expropriation a eu lieu en 2012.
Le site abritant la caserne de Mont Barnier avait été acquis par un contrat d’achat dont le montant s’élève à 562.603.000 de F.CFA. Les terriens véreux se sont mis à revendre les emprises de cette caserne.
Sur le site de Mont Mambou qui abrite les logements sociaux des militaires, 100 occupants illégaux ont été identifiés dont 7 sont des membres de la Force publique. 497 parcelles ont été recensées dont 28 construites et habitées, 69 parcelles construites et non habitées et 400 terrains non bâtis.
Le délai de 45 jours étant dépassé, la puissance publique, dans le cadre de la restauration de l’autorité de l’Etat, a procédé à l’exécution de la procédure de déguerpissement, comme l’explique le ministre d’Etat Pierre Mabiala, vêtu de sa blouse traditionnelle rose et de sa casquette marron: «Nous sommes venus procéder au lancement de l’opération de déguerpissement dans son effectivité. Quand on a déguerpi, si on trouve des obstacles sur le périmètre concerné, on démolit. C’est ça que nous sommes venus faire».
Justifiant cet acte, le ministre d’Etat a précisé que la procédure de déguerpissement est indiquée par loi qui fait obligation de faire observer une mise en demeure de 45 jours. «Celle-ci a été faite. Le délai étant dépassé, on a laissé un petit temps d’observation pour qu’ils partent d’eux-mêmes. Il y en a qui sont allés saisir le tribunal d’instance de Mfilou pour espérer se maintenir sur les lieux. Ils ont obtenu une décision qui les maintenait sur les lieux. Puisqu’il s’agit d’une procédure judiciaire, elle met aux prises de façon contradictoire plusieurs parties dont l’Etat qui s’est pourvu et a obtenu gain de cause devant la Cour Suprême qui a tranché. Les deux procédures administratives et judiciaires ont été observées par l’Etat. Et comme plus rien n’empêche. Après la mise en demeure et l’opération de déguerpissement, nous sommes venus passer à l’acte. Nous ne quitterons les lieux que lorsque tous les périmètres des trois casernes seront libérés. Toutes les maisons qui se trouvent dans le périmètre des casernes militaires doivent être démolies», a-t-il ordonné.
Pour Pierre Mabiala, c’est l’autorité de l’Etat et la puissance qui s’expriment. «Je fais un travail de l’Etat, qu’on laisse ma personne de côté», a-t-il répondu à la question posée par une journaliste, celle de savoir si en tant qu’humain, il avait un ressenti, par rapport à cette opération.
Sur le terrain, certaines familles se sont plaintes du manque d’accompagnement du Gouvernement dans cette opération. «J’ai acheté ma parcelle en 1978 et j’y habite avec ma famille depuis 1982. Aujourd’hui, je n’ai plus d’abri. C’est vraiment regrettable», a déploré M. Simon Basiloua.
Une femme a perdu connaissance en voyant sa maison acquise au prix de plusieurs années de sacrifices et d’efforts être démolie. Elle n’a pas supporté le choc.

Cyr Armel YABBAT-NGO