‘’Voir Paris à tout prix’’, tel est le titre du roman grâce auquel Anicet Walker Mansounga vient d’intégrer le cercle des écrivains congolais. Cet ouvrage parle d’immigration, mais aborde aussi, en filigrane, d’autres problématiques telles que la fuite des cerveaux, le sous-emploi et le patriotisme. Interview.
*Tout d’abord, comment et quand êtes-vous arrivé à embrasser la carrière littéraire ?
**Depuis tout petit, je suis tombé littéralement amoureux de la lecture. Le premier manuel que l’ai eu entre mes mains, est le manuel au programme dans les années 80-90, «La lecture au CM1». Ce livre était pour moi une fenêtre ouverte sur l’extérieur à travers laquelle je pouvais m’évader et aller à la découverte d’autre réalités, chaque fois que je l’ouvrais. L’école nous permettait de le garder pendant une semaine pour nous exercer à la lecture.
Une fois au collège, j’ai fait la connaissance de ‘’L’affaire du silure’’, roman de Guy Menga. Ce roman m’avait tellement marqué que je n’hésitais pas, en classe de 5e, d’acheter ‘’Les gens du fleuve’’, la suite de l’histoire du premier roman, toujours du même auteur. Je n’ai pas arrêté de lire ce roman jusqu’à l’université.
L’idée d’écrire, moi aussi, me hante depuis le collège. J’ai commencé par la poésie, les chansons, les scénarios et les textes de slam. C’est, finalement, en 2011 que je me suis décidé à mettre le pied à l’étrier.

*Ceci dit, quel sentiment vous anime d’intégrer le cercle fermé des écrivains?
**C’est un sentiment de satisfaction, car je peux vous avouer que ce livre a failli ne pas voir le jour en raison de plusieurs péripéties. Par contre, il me faudra du temps pour m’habituer à cette appellation d’écrivain.

*Pouvez-vous maintenant nous parler de ‘’Voir Paris à tout prix’’?
** C’est un roman sur l’immigration, mais il aborde, en filigrane, d’autres problématiques telles que la fuite des cerveaux, le sous-emploi, le patriotisme…Il faut dire que le problème d’immigration ne concerne pas que l’Afrique. Cependant, il est triste de constater que de nombreuses personnes sont prêtes à tout pour atteindre l’eldorado européen, comme c’est le cas d’Armand Zola, le personnage principal du livre.
Une fois sur place, la désillusion est à la hauteur de l’espoir qu’elle portait. Il est plus que temps que l’Afrique se réveille et travaille pour offrir les conditions de vie meilleures à ses enfants, pour éviter des pertes inutiles en vies humaines. Enfin, ‘’Voir à tout prix Paris et mourir’’ est également un hommage aux milliers de morts qui peuplent les fonds de la Méditerranée.

* Votre prochain livre est-il déjà en chantier?
**Pour l’instant, le plus important, c’est faire la promotion de ‘’Voir à tout prix Paris’’ et le faire connaître du maximum de gens possible. Pour ce qui est du prochain, si Dieu nous prête vie, on se lancera un autre challenge.

*Actualité oblige, quel commentaire vous inspire le Prix Goncourt remporté par un Africain, en l’occurrence le Sénégalais Mohamed Mbougar Sarr?
**Je profite de cette occasion pour adresser toutes mes félicitations à mon confrère Mohamed Mbougar Sarr pour cette magnifique consécration. Il est aujourd’hui le plus jeune lauréat et aussi le premier écrivain d’Afrique subsaharienne à remporter ce prix. C’est une fierté pour l’Afrique en général et pour ceux qui s’intéressent à la littérature en particulier.
Le Goncourt est un prestigieux prix, et peut-être le plus important des prix littéraires français. Je pense que c’est un signal qui est envoyé aux jeunes Africains qui aimeraient embrasser la carrière d’écrivain, pour leur dire que tout est possible.
Le Goncourt, s’il ne doit pas être une quête permanente pour l’écrivain, n’en demeure pas moins une marque de reconnaissance du travail bien fait.

Propos recueillis par V.C.Y.