Décidément, 2021 est une année marquée d’une pierre blanche pour la littérature africaine. Qui ne cesse de récolter de précieux lauriers. En effet, après le Nobel du Tanzanien Abdulrazak Gurnah, pour son roman ‘’Paradise’’, publié en France aux Editions Le Serpent à Plume, un autre Africain vient d’être porté au pinacle. Il s’agit du Sénégalais Mohamed Mbougar Sarr, âgé d’à peine 31 ans, lauréat du plus prestigieux prix de littérature français, le Goncourt, pour son roman «La plus secrète mémoire des hommes» (Editions Philippe Rey), le quatrième de sa bibliographie.

C’est le 3 novembre dernier que le nom du Goncourt 2021 a été dévoilé à Paris par le jury, composé de dix personnes.
Plus jeune lauréat de ce prix littéraire et premier auteur d’Afrique subsaharienne à le remporter, le natif de Dakar, au Sénégal, et fils de médecin a devancé Christine Angot pour le «Le voyage dans l’Est» (Editions Flammarion, Sorj Chalondon pour «Enfant de salaud» (Editions Grasset); et Louis-Philippe Dalembert pour «Milwaukee blues» (Sabine Wespieser Editeur).
Il va sans dire que sa consécration lui a valu des félicitations notamment des sommités politiques et littéraires des quatre coins de la Planète. «Je félicite chaleureusement notre compatriote, Mohamed Mbougar Sarr, lauréat du prestigieux Prix Goncourt pour son roman ‘’La plus secrète mémoire des hommes’’. Je suis fier de cette belle consécration qui illustre la tradition d’excellence des hommes et femmes de Lettres sénégalais», a écrit le Président sénégalais, Macky Sall, sur son compte Tweeter.
«Félicitations au Sénégalais Mbougar Sarr, Prix Goncourt 2021. Le Sénégal honore en ce jour historique la littérature mondiale. Bravo!», a, pour sa part, commenté le célèbre écrivain congolais Alain Mabanckou, à travers le même réseau social.
Recevant son prix, dans la capitale française où il est basé, le Goncourt 2021 a salué le «geste littéraire» de la part de l’Académie Goncourt qui envoie «un signal très fort à tous les milieux littéraires de l’espace francophone». «Ce n’est pas une faveur que l’on fait à un écrivain africain», martèle-t-il, tout en précisant ne pas ignorer «les questions politiques qu’il peut y avoir derrière une récompense semblable».
Didier Decoin, le président de l’Académie Goncourt, qui n’avait pas caché son admiration pour le roman de Mohamed Mbougar Sarr, a, de son côté, salué un «très beau livre» et un «hymne à la littérature». «Ce que j’aime dans la littérature, c’est quand elle ouvre ses fenêtres. Je l’ai lu d’une traite», a-t-il déclaré.
Livre de 407 pages, «La plus secrète mémoire des hommes» raconte l’histoire d’un certain Diégane Latyr Faye, un jeune écrivain sénégalais installé à Paris qui, bouleversé par la découverte d’un livre paru en 1938, décide d’enquêter sur le récit qui se cache derrière ce roman. Une quête qui va l’emmener sur les traces de son auteur, T.C. Elimane, au Sénégal, en Argentine, à Amsterdam et à Paris.
Aîné d’une famille de sept garçons, avec qui il a grandi à Diourbel, à 150 kilomètres de la capitale sénégalaise, Mohamed Mbougar Sarr a été éduqué dans un milieu favorisé qui l’a d’abord orienté vers des études militaires, avant d’arriver sur le territoire français pour démarrer une classe préparatoire dans l’Oise.
Depuis son entrée à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), il n’a pas arrêté d’écrire, la fiction l’emportant désormais sur une thèse qu’il n’arrive pas à finir.
Lauréat, en 2018, du prix littéraire Monde pour ‘’Silence du chœur’’, Mohamed Mbougar Sarr est le deuxième auteur noir à recevoir le Goncourt, après le Martiniquais René Marand (en 1921, avec le roman ‘’Batouala’’) dont il a signé la préface de la réédition d’un des romans, ‘’Un homme pareil aux autres’’.
Preuve que la littérature africaine brille de mille feux, mercredi dernier, le dramaturge sud-africain Damon Galgut a remporté le Booker Prize 2021, à Londres, pour son roman ‘’The promise’’, qui retrace l’histoire d’une famille sud-africaine de la fin de l’apartheid à la présidence de Jacob Zuma.
A signaler que plusieurs Africains figurent également parmi les dix finalistes de l’édition 2021 du non moins renommé Prix des Cinq continents, parmi lesquels le Congolais (RDC) Alain Ndala, lauréat du Prix Ahmadou Kourouma 2021, pour son roman ‘’Dans le ventre du Congo’’.
On espère que l’un d’eux sera couronné le 16 décembre prochain.

Véran Carrhol YANGA