Célébrer le Baptême du Seigneur, c’est d’abord entrevoir la rencontre entre la Divinité et l’humanité, et aussi admirer la passassion de témoin entre deux hommes: Jésus et Jean, dans un climat d’allégresse. Frères et sœurs, Jean-Baptiste propose un baptême de repentance, qui serait la condition sinequanone pour être absout de ses péchés. Et pourtant celui qui s’approche traversant la foule tel que Jean-Baptiste l’annonce est plus puissant que lui, donc, il ne porte pas la souillure du pêché. Cependant, pourquoi tient-il à être plongé par Jean dans les eaux du Jourdain? A-t-il besoin d’être consacré ou sacré par Jean? Non, certainement pas! Par contre dans cet acte on peut lire le moment crucial à partir duquel Jean Baptiste accepte d’aller en retrait pour concéder au Christ d’exprimer sa mission fondamentale “réconcilier toute la création avec le Père”.
Par ailleurs, au cœur de la rencontre de Jean le Baptiste avec Jésus, se révèle le Père qui tient à authentifier le miracle que vient d’accomplir les deux frères. Vous vous souviendrez avec l’épisode de la Visitation, d’une part, que toutes les fois que les personnages se sont rencontrés, il s’est toujours produit une merveille, un miracle. D’autre part, à ces occasions de rencontre les auteurs sacrés ont souvent mis un accent sur la “Joie” et “l’Humilité”.
En effet, il y a, le prophète qui s’efface, et l’autre le Fils qui commence son ministère. En voici là une bonne raison pour que les cieux se déchirant, ne fassent tomber des éclairs et le tonnerre sur la terre; mais plutôt la Bénédiction de Dieu. Chers tous, Il y a ici bien plus qu’un simple passage de témoin de l’annonceur à «celui qui doit venir», c’est un miracle. Comme tout miracle, le but de celui-ci est d’opérer une révolution dans l’histoire de l’humanité. Cette révolution silencieuse instaurée au Baptême du Seigneur va définitivement bousculer les perceptions humaines. En Jésus, le Tout-Puissant, Dieu s’est fait enfant. Du Très-Haut, il est devenu le très-bas. Le Seigneur des armées «Sabaot» est devenu le prince de la paix. Le Tout-Autre s’est fait l’infiniment proche. Cette révolution, c’est cette capacité à vouloir et pouvoir faire de “l’humilité” la clé d’accès à la tranquille paix, du véritable amour, de la franche collaboration, de la fraternité authentique, voire de l’alternance politique.
En revanche, dans la première lecture, Jérusalem qui est en ruines, n’est plus la belle cité du bon vivre et du bien-être social. Le retour n’était donc pas une perspective attrayante; Isaïe écrit pour encourager ses compatriotes. Par l’imagerie de la nourriture et des boissons, à la restauration de la lignée de David; Isaïe les exhorte ensuite à rechercher Dieu. D’où la réflexion sur l’inconnu de Dieu, une sorte de “divine providence”. Isaïe qui oppose la nourriture terrestre à la promesse de quelque chose de mieux, veut montrer que les réjouissances terrestres, lesquelles s’apparentent à toute richesse tangible: argent, produits de luxe, sécurité financière, etc. ne sont pas exclusives pour vivre la béatitude terrestre. Il exhorte donc les juifs à «Cherchez le Seigneur tant qu’il se laisse trouver; invoquez-le tant qu’il est proche». Ceci dit, si quelqu’un ne cherche pas immédiatement Dieu, il ne sera pas trouvé à une date ultérieure.
Le moment est venu de revenir pour profiter des bénédictions de Dieu dont les voies sont surprenantes. Dans la 2e lecture, Jean réunit une fois de plus ce qu’il s’est refusé à plusieurs reprises de séparer: la croyance en Jésus et l’amour du prochain. C’est dire que, comme commandements à garder: l’amour pour Dieu et l’amour pour ses enfants, sont intimement liés. De plus l’obéissance aux commandements n’est pas un fardeau, car la vie de foi est une vie au sein de la famille dont Dieu est le parent; les croyants sont frères et sœurs.
En sommes, le jour de notre baptême, sur nous aussi l’Esprit-Saint est descendu, sur nous aussi le Père a dit: «Tu es mon enfant bien-aimé; en toi, je trouve ma joie.» Répondant: «J’ai confiance, je n’ai plus de crainte.», cet acte liturgique et sacramentel pour nous chrétiens, devient également le moment où le royaume de Dieu fait irruption dans notre univers… Laissons-nous donc comme Jésus, être déchiré par Dieu, pour que, malgré les traces et les sentiments de culpabilité, de vengeance et de violence qui subsistent dans notre vie, nous soyons réhabilités. Parce que l’eau du Baptême avait déjà lavé en nous, jusqu’aux replis les plus cachés de notre inconscient, les tards du pêché qui dissimulent encore tant de haines, de violence et d’infidélité chez nous.

Abbé Cellot Primat NKOUNGA MABIKAS
Aumônier général de l’Association des Scouts et Guides du Congo