Pour nourrir leurs familles et assumer certains de leurs besoins, des dizaines d’enfants abandonnent le chemin de l’école et se lancent chaque année dans les activités minières à Mbaïki, une ville située à 105 km de Bangui, au Sud-ouest de la Centrafrique. Poussés par la pauvreté pour certains ou le suivisme pour d’autres, ces enfants en quête d’indépendance économique sont exposés à différents dangers.

Sur les pistes sablonneuses de la Lobaye, à 18 km au Nord de Mbaïki se trouve le chantier minier de Ndolobo. C’est une grande carrière à ciel ouvert, non loin d’un cours d’eau, tenue par un groupe de collecteurs natifs de Mbaïki. Juste à l’entrée, un groupe d’enfants assis sur des blocs de pierres se partagent du vin de palme. «J’ai abandonné l’école cette année pour venir chercher le diamant et l’or, explique Nestor, un jeune de 14 ans. Mes parents sont pauvres. Je me bats pour soutenir ma famille et financer mes études l’année prochaine».
Sous un soleil ardent, les uns portent de lourds paniers remplis de graviers jusqu’au cours d’eau, d’autres les lavent, les tamisent afin de trier les pierres précieuses. C’est «un travail artisanal et pénible» selon Samuel, lui aussi âgé de 14 ans. «Il faut creuser plusieurs mètres pour avoir le diamant et l’or. Les adultes ne nous distinguent pas. Nous devons aussi creuser et casser les grosses pierres avec des masses. Chaque jour, on se réveille à 3 heures du matin pour parcourir 18 km à pied», confie-t-il.
Si certains sont partagés entre l’école et le chantier, Olivier, 15 ans, a définitivement tourné le dos aux études. «Parfois, je gagne entre 50 et 60 000 francs CFA en deux jours. Parfois, en un seul jour, je gagne entre 40 et 50 000 francs CFA. Il m’arrive aussi souvent de rentrer bredouille», reconnaît-il.
En 2020, Gabriel a perdu son fils dans un chantier minier. Chez lui, le deuil n’est pas fini. «C’est un travail pénible pour les enfants, concède ce père rongé de remords. Je m’en voudrais éternellement d’avoir entraîné mon enfant qui n’avait pas encore 10 ans dans ce travail. Il est mort parce qu’un bloc de terre s’est effondré sur lui».
Le manque d’opportunités économiques pousse des milliers d’enfants à se lancer dans des activités parfois dangereuses. «L’un des principaux facteurs poussant les enfants vers le travail minier est lié au manque d’opportunités économiques. A cela s’ajoute la pauvreté endémique que certaines familles traversent dans des régions où l’économie est largement informelle et basée sur l’extraction minière, évoque Remy Djamouss, coordonnateur du Centre pour la promotion des droits de l’enfant (CPDE). Généralement, les familles dépendent du travail des enfants pour survivre».
L’activiste précise que «les conventions internationales sur les droits des enfants et même le code de protection des enfants en Centrafrique, interdisent le travail des enfants, surtout lorsque ce travail est dangereux et lorsque cela met à mal l’éducation des enfants».
Même s’il n’y a pas de données exactes sur le nombre d’enfants qui pratiquent des activités minières, dans la Lobaye, une vingtaine de chantiers miniers attirent chaque année selon les sources une centaine d’enfants âgés de 10 et 15 ans.

Gaule D’AMBERT