Dans une interview à La Semaine Africaine, le président de la Fédération de l’opposition congolaise (FOC), Clément Mierassa, a parlé sans langue de bois de la vie de son organisation politique, de ses perspectives, et de la situation politique nationale. Il estime que notre pays a de sérieux problèmes de gouvernance.

*Monsieur le président de la FOC, comment se porte votre plateforme politique?
**A la vérité, elle a connu quelques secousses au sortir de la concertation politique de Madingou. Elle a surmonté cette épreuve. Elle est là; bien debout et elle continue son combat. Je ne peux pas dire qu’elle se porte bien tant qu’elle a certains de ses leaders qui croupissent en prison.

*Une certaine opinion fait état des démissions au sein de votre plateforme. Que se passe-t-il réellement?
**Je tiens à relever que la Fédération de l’opposition congolaise compte trois composantes, à savoir: le FROCAD, l’IDC, et la composante CJ3M. Cette dernière s’est restructurée et les trois composantes sont bien là. Nous avons été informés par les médias et les réseaux sociaux que Monsieur Bonaventure Mbaya et la Convergence citoyenne ont réintégré l’UDR-Mwinda. Nous sommes dans un monde où l’on doit privilégier le débat d’idées. Cela peut donner lieu à certains comportements mais officiellement nous ne sommes pas informés par les différentes plateformes de l’enregistrement des démissions.

*On parle de plus en plus de réformer l’opposition. Comment appréciez-vous cette préoccupation?
**Avec le président Paulin Makaya, président de l’UPC, nous avons lancé le 29 janvier 2021, un appel pour le rassemblement des démocrates. Par la suite, nous avons entendu des voix s’élever pour appeler à la refondation de l’opposition. Pour ma part, la dernière élection présidentielle a révélé certains faits dont il faut tenir compte. Certaines personnalités et partis politiques se disant de l’opposition ont appelé à la candidature de Monsieur Denis Sassou Nguesso, et ont fait campagne pour lui. Mais malgré le hold-up opéré, ceux-ci se considèrent toujours à l’opposition. Plusieurs personnalités et partis politiques du centre ont eu également le même comportement. Visiblement une refondation politique générale est nécessaire et indispensable. Dans ce contexte, l’opposition doit à notre avis tirer les leçons de cette situation et dégager des perspectives pour son avenir. Cela doit se faire sur la base également des idées claires.

*Le ministre des Finances a promis de traquer les faussaires, comment appréciez-vous cela?
**Vous savez que notre pays a de sérieux problèmes de gouvernance. Dans la normalité des choses, une telle démarche ne devrait pas être une surprise. Je suis plutôt préoccupé par le fait que lors des débats sur la loi de finances rectificative de 2021, je n’ai nullement entendu parler de la lutte contre la corruption, de traque des responsables des scandaleux crimes économiques et financiers. Ceci d’autant, que cela est contenu dans la matrice des 48 mesures du programme avec le FMI signé le 11 juillet 2019, mais aussi parce que dans le discours d’investiture du Président Denis Sassou-Nguesso, on a parlé de tolérance zéro, en ce qui concerne la corruption, la fraude, les détournements de fonds et autres. Il ne faut pas que l’on recherche à traquer seulement des voleurs d’œufs pour laisser en liberté les voleurs d’éléphants. Le ministre des Finances ignore-t-il que le Congo est l’un des pays les plus corrompus du monde et qu’il fait partie du top 10 des pays les plus corrompus d’Afrique? Dans les dossiers laissés par ses prédécesseurs il n’y a rien sur ces aspects? Ne sait-il pas que le directeur des systèmes d’information au ministère des Finances aurait disparu avec des milliards de francs CFA? Ignore-t-il que l’on a décaissé de l’argent pour une route imaginaire de 137 Kilomètres? Où sont passés les 14.000 milliards des excédents budgétaires? Que fait-on de la démarche amorcée par le procureur de la république sur les malversations financières au fonds de soutien de l’agriculture? Où s’est arrêté le scandale de la caisse nationale de sécurité sociale (CNSS)? Bref, ces cas sont très nombreux et il ne faut pas faire deux poids, deux mesures. Il faut veiller à ne pas violer l’article 15 de la constitution du 25 octobre 2015. Bref, il faut traquer les faussaires, c’est bien. La surprise est que l’on veuille protéger ceux qui ont plongé le pays dans le chaos. Cela serait triste et le Gouvernement doit se rattraper.

Propos recueillis par
Pascal-AZAD DOKO