«Briser le mutisme généralisé de la classe politique sur la question» : tel est l’objectif de la lettre ouverte adressée au Président de la République par l’ancien candidat à l’élection présidentielle de 2020, Uphrem Dave Mafoula, président du Parti Les Souverainistes, intitulée: «Objet: Aujourd’hui je suis étudiant».

Cette jeunesse à laquelle «je m’identifie, écrit-il, est aujourd’hui perdue et vouée à elle-même, crie, pleure, et s’interroge sur sa destinée. Cette jeunesse fragilisée et fracturée par une gouvernance qui, jusqu’ici, tarde à croire et trouver en elle l’avenir de toute une Nation. L’écho de ces cris résonne en chaque Congolais et humilie l’image de notre pays. C’est à une mort certaine, peut-être programmée, que le Congo est en train de se vouer, parce qu’il n’est pas faux de considérer qu’une nation qui se coupe de sa jeunesse, se coupe de sa source de vie et se condamne à mort».
Il rappelle au Chef de l’Etat l’une de ses phrases pendant la campagne électorale: «J’ai toujours été et je serai le Président de tous les Congolais, sans exclusive, en particulier celui de notre jeunesse».
«Monsieur le Président de la République, souvenez-vous de ces paroles, elles sont les vôtres. Elles ont été entendues par tous les Congolais, les jeunes en particulier. Je vous prie d’analyser rationnellement et objectivement la situation, et de vous interroger s’il n’y a pas déjà un grand fossé entre ces paroles et la réalité actuelle. Il est temps que vous concrétisiez vos déclarations sur l’honneur et vos promesses. Parce qu’en vérité, il sied de le dire, la jeunesse congolaise traverse une crise sociale innommable, sans précédent. Elle est désorientée et a besoin, plus que jamais, du soutien de la République», écrit l’ancien candidat à la présidentielle
Une seule chose est certaine, «la jeunesse congolaise souffre», a indiqué Uphrem Dave Mafoula qui pense que cette souffrance est tout d’abord psychologique avant d’être physique. «C’est toute une République qui a tourné son dos à ses propres enfants. Quelle incongruité!».
En l’absence d’un environnement socio-économique capable de répondre aux différents besoins financiers des étudiants, «la bourse était, pour la majorité, l’unique alternative face aux contraintes socio-académiques propres au monde estudiantin. Cette situation, sans évoquer les conditions de logement précaires, voire inadmissibles, est, à elle seule, la source du mal-être dont sont victimes nos étudiants. Il est désormais attesté que plusieurs générations d’entre eux, depuis la prise de ces décisions, ont emprunté la voie de l’abandon. C’est un échec, de votre politique bien évidemment et c’est regrettable!», a fait savoir le président du Parti Les Souverainistes.
Il rappelle que les deux établissements publics d’enseignement supérieur ne se trouvent implantés qu’à Brazzaville et, par conséquent, «le jeune reçu admis au baccalauréat, se trouvant dans les recoins du Congo et désireux de poursuivre ses études dans une université publique, se trouve contraint à l’exode Pour ces jeunes qui n’ont ni pères, ni mères dans leur nouvelle ville d’étude, leur seul soutient est la République. Cette situation est valable pour tous ces étudiants envoyés à l’extérieur du pays».
La situation est intenable : «Les hommes, eux, se battent comme ils le peuvent. Mais nos jeunes sœurs ? Elles qui sont si fragiles! Elles sont devenues la cible de tous les maux. Elles n’en peuvent plus ! Elles crient, pleurent et se lamentent, comme si un sort pesait sur elles. Comment une République peut-elle abandonner et ne pas s’inquiéter des conditions de vie de ses propres enfants? Je suis chagriné et meurtri au plus profond de ma personne».
«Pensez un seul instant, Monsieur le Président, à toutes ces familles, à tous ces parents, parfois retraités, dont les enfants se retrouvent dans la situation décrite. Imaginez leur angoisse et leur désarroi! Pensez à leur moral ! Vous en êtes capable, car vous êtes tout d’abord un militaire avant d’être politique. Et un chef militaire, vous le savez mieux que moi, se soucie du moral de ses troupes. C’est bien agir que de créer des universités, vous étiez sans doute de bonne foi, vous étiez même peut-être de bonne volonté. Mais le but de l’enseignement supérieur, c’est de créer des cerveaux et des esprits capables de penser les grandes questions de la vie, du pays, et du monde en général. Cela ne saurait se faire sans accompagnement nécessaire. Continuer à priver ces jeunes de la bourse, c’est continuer à les exposer à tout type d’insécurité: psychologique, moral, physique, alimentaire, etc».
Uphrem Dave Mafoula exhorte le Chef de l’Etat à faire preuve de solidarité. De même qu’à faire preuve d’humanisme, «au nom de la social-démocratie que vous défendez, qui, dans ses principes, exige la justice sociale. Écoutez le cri de cette jeunesse perdue et affaiblie. Écoutez les cris de tous ces parents qui s’inquiètent pour leurs enfants et exigez que la recherche des solutions soit au cœur des préoccupations gouvernementales actuelles afin d’amorcer urgemment une sortie de crise».

KAUD