Dix mois après le début de la crise du coronavirus au Rwanda, la capitale Kigali est à nouveau totalement confinée pour au moins quinze jours. Malgré des mesures parmi les plus strictes du continent, ce pays d’Afrique fait face à une seconde vague, avec des cas et des décès en constante augmentation qui risquent de faire pression sur son système hospitalier. Au lendemain de l’annonce du nouveau confinement à Kigali, lundi 18 janvier 2021, de longues files d’attente s’étiraient devant les bus en partance pour le reste du Rwanda, où les mesures sont plus légères. Comme lors du premier confinement en mars 2020, décidé une semaine seulement après la confirmation du premier cas dans le pays, de nombreux habitants ont choisi de quitter la capitale où les opportunités économiques sont mises à mal. Ce nouveau confinement a été décrété suite à une forte augmentation des cas dans le pays et surtout dans la capitale ces dernières semaines.
Le Rwanda a récemment dépassé les onze mille cas enregistrés depuis le début de la pandémie et compte aujourd’hui environ 4000 cas actifs. Des chiffres minimes par rapport aux autres pays de la région ainsi qu’à la situation en Europe, mais qui pèsent lourdement sur les capacités hospitalières de ce pays d’Afrique centrale.
Des centaines de personnes surchargées se pressaient pour monter dans les bus avant la tombée de la nuit. Les autorités ont donné une journée aux habitants pour se préparer aux nouvelles mesures, avant que les transports entre la capitale et le reste du pays soient complètement à l’arrêt. Selon le ministère de la Santé, le Rwanda compte 130 respirateurs et 90 lits en services de soins intensifs. En plus des centres de traitement dédiés aux patients atteints du coronavirus, le Gouvernement venait d’autoriser les différents hôpitaux à prendre en charge ces malades. Mais, le dernier centre de traitement pour patients atteints de la COVID-19, récemment ouvert à Kigali a déjà atteint 70% de sa capacité.
En outre, le taux de mortalité a galopé: 60% des décès enregistrés depuis le début de la pandémie (environ 150) l’ont été au cours des deux derniers mois. «Il semble que les patients atteints de formes graves du virus tardent à se rendre à l’hôpital. Ils arrivent donc dans un état très avancé et il est difficile de les sauver», a expliqué une source au sein du ministère de la Santé. Pour les soigner, le Gouvernement mise sur le Favipavir, un médicament produit au Japon qui serait efficace dans le traitement des virus à ARN. Les 18.000 doses arrivées au Rwanda mercredi 20 janvier pourront «sauver des vies», a assuré le ministre de la Santé. Une solution provisoire en attendant le vaccin qui devrait commencer à être administré d’ici le mois de mars selon les autorités.

Alain-Patrick MASSAMBA