Avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), la Haute autorité de lutte contre la corruption (HALC) a été à l’initiative d’une conférence publique pour célébrer la Journée internationale de lutte contre la corruption. Elle a eu lieu à Brazzaville vendredi 11 décembre. La Journée internationale de lutte contre la corruption au Congo est célébrée tous les 9 décembre. Elle a été présidée par Michel Mombili Awsyambi, secrétaire général de la HALC, avec pour but de sensibiliser la population sur les méfaits de la corruption et de l’interpeller quant à la lutte à mener.

Le thème retenu au niveau international était: «Unis contre la corruption, pour le développement, la paix et la sécurité». La conférence a regroupé des étudiants et des membres de la société civile. Elle a été un cadre d’échanges en vue d’éveiller la conscience de tous sur ses méfaits et de faire émerger un élan d’éthique et d’intégrité propice au développement social et économique du pays. Deux sous thèmes y ont été développés: le premier «Convention des Nations Unies contre la corruption» (Un Traité adopté en 2003, à Mérida, au Mexique, pour endiguer le phénomène de corruption) et «la corruption et ses effets sur le développement». Ces deux thèmes ont été développés successivement par Simon Pierre Nzobabela, enquêteur-investigateur, et Auguste Batangouna, tous les deux membres de la HALC.
La nécessité de combattre la corruption, la concussion, la fraude et les infractions assimilées qui affectent lourdement les transactions économiques et financières et sapent la stabilité socio-économique des Etats ont été passées en revue.
Simon Pierre Nzobabela a éclairé l’assistance sur l’adoption de la Convention des Nations Unies contre la corruption. Selon lui, c’est une nécessité en tant qu’instrument juridique de lutte contre la corruption. Elle est une preuve qui montre que la communauté internationale est déterminée à prévenir et à endiguer le phénomène. Le respect des valeurs fondamentales, telles que l’honnêteté, l’Etat de droit, le sens de responsabilité et la transparence sont indispensables pour le développement et l’édification d’un monde meilleur, rappelle la Convention. Le conférencier a conclu que la corruption est une des grandes causes des mauvais résultats économiques. Elle est un obstacle de taille au développement et à la lutte contre la pauvreté. Le Congo a ratifié la Convention par la promulgation de la loi n°13-2005, du 14 septembre 2005.
Auguste Batangouna a, quant à lui, soutenu que la corruption freine le développement, puisqu’elle résulte de la rupture des bonnes valeurs. Elle est contraire aux normes et à la gestion de la société. Les études réalisées sur la corruption au Congo en 2003, 2009 et 2011 révèlent qu’elle est occasionnée par sept principales causes: la crise des valeurs (pour 75,2 % d’opinions sondées), l’absence de contrôle et l’impunité, (50,4 %), la faiblesse du pouvoir d’achat (36,6 %), la pauvreté (31,2 %), le chômage (100, 2 %), l’inefficacité du système judiciaire (26,2 %), et l’imperfection de la législation (16,7% d’opinions sondées). La crise des valeurs est la cause fondamentale de la corruption. Celle-ci compromet durablement le développement en détériorant la qualité des produits.
Clôturant les travaux, Michel Mombili Awsambi a lancé un appel à l’ensemble de la population. «Le Congo, fermement engagé dans la lutte contre ce fléau, n’est pas resté en marge de la pratique internationale. Tout citoyen doit se mobiliser contre la corruption. C’est une invite lancée aux jeunes, vieux, femmes, hommes, acteurs du secteur public comme privé, ainsi qu’aux organisations de la société civile et à tous les autres pour que soit relevé ce défi».
Selon l’actuel classement de Transparency international et la Banque mondiale, le Congo occupe le 159e rang sur 185 pays en matière de corruption.

Philippe BANZ