La note circulaire du ministre Hugues Ngouélondélé portant suppression de la prime de présence versée aux footballeurs de l’équipe nationale lors des compétitions internationales continue de faire des vagues.

Le ministre en charge des Sports est au centre d’une annonce pour le moins inattendue actée dans une note circulaire publiée le 29 mars dernier: la suppression de la prime de «présence» ou de «participation» versée aux footballeurs de l’équipe nationale. Selon le ministre, les joueurs convoqués en sélection nationale la perçoivent «sans aucun motif légitime». Aussi a-t-il pensé que «cette prime n’avait plus lieu d’être». Seules les primes liées aux performances (primes de victoire, de match nul et de qualification) sont maintenues. Le ministre a clarifié sa décision dans une interview à la presse au cours de laquelle il est revenu sur sa circulaire. Il a fait usage de mots forts, tels que: «patriotisme», «civisme», «amour du pays», «défense de la patrie», etc. C’est comme un procès en exemplarité intenté par le numéro 1 du sport contre les acteurs visés.
Très rapidement, les propos du ministre ont fait l’objet de critiques. Ils cristallisent l’opinion. Une opinion dont les avis oscillent entre la légitimation de la démarche et la compétence supposée du ministre, lui reconnaissant le droit de prendre unilatéralement une telle décision.
L’exemplarité dont il se fait le chantre, réagit un internaute, «doit au préalable émaner de la politique sportive du gouvernement, par lequel il impose les objectifs aux fédérations afin de doter les sélections nationales d’un cadre organisationnel compétitif». «Cette exemplarité à toute épreuve doit prévaloir sur tous les échelons, en tête desquels le ministère des Sports. Une attitude globale par laquelle l’effectivité se donne à lire par le respect des institutions dont la gestion doit se départir des décisions et prises de position zélées de nos politiques», ajoute-t-il.
De son côté, un analyste rappelle que les joueurs de l’équipe nationale viennent à la sélection pour l’amour du pays et non pour des primes, comme pourrait le laisser penser la circulaire du ministre. «Ce n’est pas le moment de jeter des pierres à nos joueurs qui viennent ici, pas pour chercher des primes parce qu’ils ont suffisamment des moyens dans leurs clubs respectifs. S’ils viennent, c’est par amour de leur patrie et nous devons leur en être reconnaissants», précise-t-il.
La sélection nationale est une institution dirigée par une fédération et régie par les règles des institutions internationales auxquelles elle est affiliée. La prime de présence n’est pas une invention congolaise. Elle a été instaurée sous tous les cieux. Au Cameroun, par exemple un décret portant organisation de l’équipe nationale précise la nature des primes versées aux sélectionnés, parmi celles-ci il y a la prime de présence. A l’origine, il s’agissait de compenser le manque à gagner des footballeurs professionnels africains évoluant en Europe quand ils rejoignaient leurs sélections nationales respectives pour une longue durée. Leur absence portait préjudice à leurs clubs… (A suivre)

Jean ZENGABIO