Aujourd’hui retraité, Jean Atarabounou (76 ans) a été d’abord infirmier pendant quelques années, avant de devenir journaliste et une célébrité dans ce métier. Les auditeurs sportifs ne l’oublieront pas de sitôt, notamment comme reporter des matchs de football. Nous l’avons rencontré.
*Comment êtes-vous devenu journaliste ?

**J’ai découvert ce métier sur le tard. J’étais d’abord un infirmier. J’ai fait mes études à l’Ecole paramédicale Jean-Joseph Loukabou. Une fois diplômé, j’ai exercé en tant qu’infirmier-chef pendant quatre ans au centre médico-social de l’ex-Sotexco (Société des textiles du Congo). Ensuite, après une formation de quatre ans à Cuba, j’ai travaillé comme infirmier généraliste à la Banque de sang de l’hôpital général (actuel CHU). J’y ai évolué pendant huit mois. Mais, le besoin de changer de voie est venu, progressivement. J’ai alors décidé de découvrir autre chose de la vie. Ma vocation n’était pas à la santé. Le métier de journaliste s’est finalement imposé. En réalité, le virus de la communication est dans mon sang depuis le bas-âge. A Cuba, lors des matchs livrés entre nous, je mimais la retransmission des matchs, et mes collègues s’en plaisaient. C’est à l’issue d’un test concluant, en fin 1978, que j’ai été recruté à la radio. Je me suis tourné vers le journalisme en langues nationales ; il y avait carence dans cette branche. J’y ai évolué aux côtés des Laurent Botséké, André ‘’Andréas’’ Ossoungou, Lémy Patrick Kalafoua, Jean Mokanga, Alphonse Ndinga qui étaient les anciens. Après, je me suis orienté vers le service de sport.

*Alors, parlez-nous de vos collègues du service de sport, de votre premier reportage sportif et de vos modèles.

**Je suis de l’école Germain Bisset, c’est lui, chef du service Sport, qui a fait que je devienne reporter des rencontres sportives. A mon arrivée, j’avais trouvé Lucien Parfait Léonard Ndzoungou (+), Joseph Ngouama (+), Georges Eboué, etc. Mon premier reportage, c’était le match Diables-Noirs-FC Kahunga. Comme tout débutant, j’avais la trouille en pensant aux nombreux auditeurs qui nous suivaient à travers le pays. Après, je suis rentré dans le bain. Hormis le sport, j’étais aussi au service des programmes : mon grand modèle, c’était Henri Pangui. Avec lui, Laurent Botséké et Alphonse Ndinga. A mon arrivée, j’avais aussi trouvé des grands noms comme Miantourila Kouba.

*Quel est le souvenir le plus fort de carrière ?

**J’ai passé de très belles années. J’étais déjà à la radio quand le Congo a gagné la Coupe d’Afrique des nations de handball féminin en 1979 à Brazzaville. J’ai couvert plusieurs compétitions dans le pays et à l’extérieur dans différentes disciplines. J’ai vécu tous les beaux moments de notre handball en nations et en clubs: les sacres des Diables-Rouges et d’Etoile du Congo (dames), d’Inter-club (hommes) en 1984, le tournoi tri-continental de handball de Brazzaville en 1980, qualificatif pour les JO de Moscou, ainsi que les rencontres des Diables-Rouges en football, et dans d’autres disciplines. Mais, le grand et passionnant derby, c’était Etoile du Congo-Diables-Noirs. Il drainait presque tout Brazzaville au Stade de la Révolution. Pas facile à couvrir, pour un journaliste. Après ce match, quand je rentrais à la maison, j’étais épuisé, vu l’intensité de la rencontre et le vacarme des supporters. Les retransmissions des matchs en compagnie de Jean-Gilbert Foutou, Joseph Ngouama, ‘’Djo’’ Pambou, avec Stalgar Diahomba au studio, c’était le Top niveau….

*Auriez-vous aussi de mauvais souvenirs ?

**Effectivement ! La retransmission du match Congo-Libéria, soldé par la victoire du Libéria (0-1). Le festival de Georges Weah m’avait écoeuré. Sans oublier le match Congo-Etats-Unis, lors du tournoi Tri-continental de handball où j’avais un peu débordé dans le langage. Cela m’avait valu une sanction. En tant que reporter, j’avais été l’objet des menaces à mon domicile de la part des membres d’une organisation de jeunesse. Pour un commentaire qu’ils avaient mal apprécié. En l’apprenant, le ministre des Sports de l’époque les avait blâmés fermement.

*Un conseil que vous donneriez aux jeunes qui sont encore en fonction ?

**La retransmission d’un match se prépare, et il faut trouver les expressions qu’il faut pour convaincre puis emballer un auditoire souvent difficile. Les jeunes ne doivent pas avoir peur des menaces. Leur critique doit être objective, et les autorités doivent l’accepter pour le bien de notre sport. Le sport n’a pas de tribus, de races et de couleur, il unit les peuples. Quand les Diables-Rouges jouaient, les Congolais étaient à l’unisson derrière leur équipe.

Propos recueillis par Alain-Patrick MASSAMBA