L’ambassadeur de la Fédération de Russie au Congo, Guéorguy Tchepik, a animé une conférence de presse le jeudi 18 novembre dernier pour dresser le bilan de l’année 2021 pour la politique russe en Afrique et dans le monde.

A bâton rompu, le diplomate russe a égrené les sujets, en matière de coopération entre le Congo et la Fédération de Russie. Pour Guéorguy Tchepik, les relations russo-congolaises sont au beau fixe. Le diplomate russe a hautement apprécié la coopération entre les deux pays dans le domaine politique. Car, selon lui, «la Russie et le Congo partagent la même vision du monde».
Sur le plan économique, Guéorguy Tchepik a fait savoir que son pays y entrevoyait de bonnes perspectives. «Nous avons des grands projets à réaliser au Congo. Deux projets agricoles sont en étude en matière de pisciculture et de production de la chair de poulet. D’autres projets sont, par contre, réalisés».
Parlant de la coopération sanitaire, il a rappelé que la Russie fait partie des grands producteurs de vaccin, notamment le Spoutnik V et light, disponibles au Congo. «Nous avons livré plusieurs doses de vaccin Spoutnik à la République du Congo, soit plus de 4000 doses. Le pays bénéficie de l’accompagnement de la Russie dans sa politique de riposte contre la pandémie. Sauf que la population reste réticente à la vaccination. Ce n’est pas bon. Il faut comprendre que le danger est là. Il ne va pas nous quitter demain. Il faut absolument se faire vacciner», a-t-il exhorté.
Le diplomate russe a rappelé que la coopération médicale entre son pays et le Congo date de l’époque soviétique. «Nous avons actuellement un groupe de médecins russes spécialisés en oncologie. Ces médecins sont en train de regarder le problème des albinos qui n’ont pas de protection contre les rayons ultra-violets qui entraînent le cancer de la peau. Ils vont travailler pendant deux semaines et former les médecins Congolais», a fait savoir Guéorguy Tchepik, tout en annonçant la signature prochaine d’un accord de coopération entre le ministère de la Santé et le centre d’oncologie de Russie.
Dans le domaine de l’éducation, «nous proposons 150 bourses d’études aux étudiants Congolais», a indiqué le conférencier. Il a souligné que ce chiffre est en augmentation par rapport aux années précédentes.
S’agissant de la débaptisation du centre de recherche vétérinaire du nom du chercheur russe Balabanov, il a porté un éclairage. «Ce n’est pas le centre qui sera débaptisé, mais plutôt la salle de conférence. Si cette promesse n’a pas été réalisée lors de la visite de Mr Balabanov à Brazzaville, c’est parce qu’elle n’était pas encore aménagée. Dès que ça sera fait, promesse sera tenue», a-t-il assuré.
En cette année 2021, Guéorguy Tchepik a expliqué que le plus grand souvenir de la coopération Congo-Russie, reste la visite de Mr Balabanov à Brazzaville. «C’était un grand événement. Je me permets d’exprimer toute ma gratitude pour l’hospitalité qui a été réservée au chercheur russe et pour la décision prise par le chef de l’Etat congolais de le décorer».
Sur le plan africain, «la Russie a des liens historiques en matière de coopération militaire avec la grande majorité des pays du continent», a-t-il dit, tout en levant l’équivoque sur la présence des militaires russes dans certains pays. «Ce n’est pas l’armée russe, mais plutôt des sociétés privées de sécurité qui opèrent en Afrique. Ce qui est mal interprété par les occidentaux», a-t-il affirmé.
«Les spécialistes russes de sociétés privées de sécurité sont actuellement en Centrafrique», a-t-il reconnu, tout en signifiant qu’Ils sont là sur «invitation du Gouvernement centrafricain, conformément à la décision du Conseil de sécurité des Nations Unies. Ce ne sont pas des mercenaires».
Pour lui, le terme mercenaire utilisé pour qualifier la présence russe en Afrique est très péjoratif et dégradant. «La Russie n’a jamais eu de mercenaires. Emery Patrice Lumumba, lesquels l’ont tué?. «Bob Dénard, avait-il la nationalité russe?», s’est-il interrogé.
Le diplomate russe a insisté sur le fait que le marché de services des sociétés dans le monde est partagé entre les sociétés privées américaines, britanniques et autres. «Les Russes en ont à peine deux. Ces sociétés ne représentent pas le Gouvernement russe. Elles sont en train de conclure des contrats avec les Gouvernements des Etats souverains. Il y a trois ans, avant l’arrivée des Russes, l’armée centrafricaine ne contrôlait que Bangui. Actuellement, elle contrôle près de 80% du territoire national», a expliqué Guéorguy Tchepik.
Il a fait savoir que la présence russe en Afrique suscite une réaction bizarre dans certains milieux politiques occidentaux. «Nous cherchons à aider les pays africains à assurer leur sécurité. Ces pays ont le droit de choisir leurs partenaires. Nous avons un ennemi commun, c’est le terrorisme et le djihadisme au Sahel. La Russie et la France qui ont des relations historiques peuvent s’entendre pour régler certains conflits en Afrique. La Séléka n’était pas tombée du ciel. Elle a bien traversé les frontières», a soutenu le diplomate russe.
A propos du Mali, «nous avons une large tradition de coopération militaire. Ce qui se passe avec Barkhane qui évacue sa 2e base militaire au nord du Mali, est très regrettable. Ça laisse le territoire aux actions djihadistes. Pour que les Russes interviennent au Mali, il faut d’abord que le Gouvernement malien s’adresse à la Russie pour solliciter de l’aide. Pour le moment, tel n’est pas le cas», a-t-il expliqué.
Si beaucoup d’armes russes circulent en Afrique, a-t-il poursuivi, «c’est à cause de la destruction du régime de Kadhafi par un groupe de puissances en violation de la résolution du Conseil de sécurité des Nations-Unies. Parallèlement, elles ont détruit l’Etat libyen en 2011 et beaucoup d’armes sont tombées entre les mains de certains groupes armés qui sèment la terreur au Sahel».

Cyr Armel YABBAT-NGO