Les deux événements ont été célébrés le 29 décembre 2019 au cours du culte dominical qui a réuni près de 1500 fidèles dans le temple du centenaire. La commémoration était sobre et sans manifestation festive, juste pour rappeler aux fidèles l’histoire de l’évangélisation de Brazzaville par les missionnaires suédois à partir du site du Plateau où ils avaient ouvert clandestinement dans un entrepôt, qui servait en même temps de premier lieu de prière protestant de la ville à partir de 1911.

Quelques expatriés suédois, français, africains et quelques Congolais s’y retrouvaient discrètement le dimanche pour le culte en français ou en anglais. Les autorités coloniales françaises avaient refusé la construction d’un Temple à proximité du palais du gouverneur général de l’Afrique Equatoriale Française (AEF).
Pendant la deuxième guerre mondiale lorsque Brazzaville devint capitale de la France libre, le général Charles De Gaulle qui s’était lié d’amitiés avec le pasteur suédois Manne Lundgren, responsable de la mission évangélique suédoise au Congo, avait participé à un culte lors de son séjour à Brazzaville en 1944. Dès lors, ce lieu de prière clandestin fut officiellement reconnu par les autorités coloniales. Un temple de 300 places fut alors érigé sur le site.
Lorsque l’Eglise évangélique du Congo issue des missions évangéliques scandinaves (suédoise, norvégienne) fut créée en juillet 1961, le lieu de prière du Plateau fut transformé en une annexe rattachée à la paroisse de Bacongo.
En 1969, le plateau accède au rang de paroisse. Mais l’exiguïté du temple ne permettait plus de contenir un nombre grandissant de fidèles qui pour la plupart du temps, étaient contraints de suivre le culte hors du temple, en divers endroits de la cour.
Les autorités paroissiales décidèrent en décembre 1980, de construire un nouveau temple de 700 places. Mais l’autorisation de construire cet édifice à proximité du palais présidentiel fut refusé en 1987 par la Direction de la sécurité présidentielle. L’Etat s’engagea néanmoins à mettre un autre terrain à la disposition de la paroisse du Plateau. En 1988, il octroya gratuitement à la paroisse du Plateau, une partie de l’ancien terrain de l’ONPT situé dans le secteur de la maternité Blanche Gomez, pour la construction d’un nouveau temple de 1600 places.
Les travaux qui débutèrent en 1994, furent interrompus par la guerre de 1997. Les matériaux de construction d’une valeur de 45 millions de Fcfa, entreposés sur le chantier furent pillés.
Les travaux qui purent reprendre en septembre 1998, furent de nouveau interrompus par la guerre du 18 décembre 1998.
Après six ans d’interruption, les travaux reprirent en 2004 et prirent fin en 2009.
Les travaux ont nécessité près de 800 millions de Fcfa provenant des contributions des paroissiens (79 %), des aides des Eglises de Suède (27 %), de la présidence de la République (3%), de l’Eglise Evangélique libre de France (1,3%) et d’autres donateurs.
Lors de la célébration en 2009 du centenaire de l’évangélisation protestante du Congo par les missionnaires scandinaves, l’Eglise décida de faire du nouveau Temple construit essentiellement par l’Eglise de Suède et l’Eglise Evangélique du Congo, un symbole de la commémoration de cet événement. Le temple fut alors baptisé «Temple du Centenaire» et sa dédicace eut lieu le 13 septembre de la même année.
Une plaque commémorative du 10e anniversaire a été dévoilée à l’entrée du temple et le sermon du pasteur Roland Patrick Mpompa, responsable de la paroisse, a exhorté les fidèles sur l’unité, dans la réalisation de nouvelles œuvres destinées à glorifier le Seigneur.
Avec près de 2.000 membres, la paroisse du Plateau a la particularité de célébrer le culte en français depuis sa création afin de répondre aux besoins spirituels de ses membres qui pour la plupart sont des intellectuels de diverses nationalités (Congolais et expatriés africains, européens, américains, asiatiques, etc.) et de différentes traditions protestantes (réformés, méthodistes, presbytériens, etc.). Pour cette raison, le Plateau est aussi appelé «paroisse internationale» ou encore «paroisse œcuménique».
Plusieurs paroisses de la ville ont instauré en leur sein, un culte en français en s’inspirant de la liturgie du culte francophone du Plateau.

Raymond BITEMO