Les programmes éducatifs au sein du sous-secteur de l’Enseignement préscolaire encore en vigueur existent depuis plus de trois décénnies, bien que des aménagements y ont été apportés. Malgré ces aménagements, l’on constate encore la baisse du niveau des élèves. C’est l’une des raisons qui ont conduit la Banque mondiale, par le biais du Projet d’appui à l’amélioration du système éducatif (PRAASED) et le Gouvernement à l’optique de la réécriture des programmes de français, de mathématiques et sciences au primaire et au collège.

Le réaménagement de ces programmes est appuyé par un arrêté portant approbation des programmes éducatifs révisés des domaines d’apprentissage du français, des mathématiques et des sciences pour les classes de CP1-CP2 du primaire et 6e-5e du collège, signé le 22 août 2022 par le ministre de l’Enseignement préscolaire, Jean-Luc Mouthou.
La réécriture de ces programmes s’inscrit dans le cadre de la stratégie sectorielle de l’éducation 2015-2025, révisées pour la période 2021-2030, et des agendas internationaux sur l’éducation.
A quelques semaines de la rentrée des classes 2022-2023, un changement de programme pour quel intérêt? Pour le ministre Jean-Luc Mouthou, il s’agit d’apporter le renouveau nécessaire qui pourrait permettre aux apprenants d’améliorer le contexte de leur apprentissage. C’est à ce titre que nous avons élaboré de nouveaux programmes scolaires qui vont être exécutés à partir de cette rentrée scolaire. «Ce changement de programme est inhérent à un certain nombre de difficultés internes que nous avons observées dans le cadre de la gestion de notre système éducatif, puisque depuis de longues années, le système éducatif est confronté à de sérieux problèmes, et parmi ces différents problèmes, on peut citer entre autres, des déperditions et des redoublements massifs tant au primaire qu’au secondaire; une qualification parfois déficiente des enseignants; une qualité insuffisante des acquis scolaires comme le montre les résultats des évaluations internationales, etc. Il y a également un certain nombre de difficultés externes, telles que l’évaluation internationale du Programme d’analyse des systèmes éducatifs de la CONFEMEN (PASEC) 2014 ndlr, qui a situé le Congo au niveau des pays les moins performants parmi le groupe des dix pays évalués, avec la particularité où les difficultés à enregistrer par les élèves en début de scolarité et qui s’accentuent très significativement en fin de scolarité», a dit le ministre de l’Enseignement préscolaire, se félicitant des actions menées par le Gouvernement dans l’approche de l’amélioration du système éducatif. «De nombreuses actions au plan gouvernemental ont été entrepris pour essayer de pallier toutes ses difficultés au plan des enseignements puisque partant de ses constants, le Gouvernement a décidé de la gratuité dans l’enseignement et également un soutien puissant entre 2004 et 2009, et entre 2010 et 2013, au travers de la mise en place du Projet d’appui à l’éducation de base (PRAEBASE). Malgré cela, des résultats scolaires pointent toujours d’énormes faiblesses, notamment en mathématiques et en français auprès de nombreux apprenants.»
Sur la nuance avec les anciens programmes, Jean-Luc Mouthou précise: «il y a des différences fondamentales, faut-il le dire, autrement nous n’en saurions pas amenés à vous proposer ces programmes. Ces programmes marquent cinq ruptures majeures par rapport aux anciens: il y a une logique de continuum qui s’inscrit dans l’acquisition des savoirs, en ce que les notions qui vont être désormais abordées au primaire forment un fondement de ce qui est abordé au secondaire dans la vision d’une éducation de base bâtie autour d’un socle de dix ans. Le deuxième élément, c’est une logique d’apprentissage qui place l’apprenant au centre des activités situationnelles en lien avec les contenus des notions essentielles abordées, qui s’éloigne d’une logique d’enseignement habituellement mettant l’enseignant en exergue. Le troisième élément, une logique d’apprentissage en profondeur développée par le temps accordé aux apprentissages entrecoupés par des périodes de découverte des notions entrecoupées de moments d’évaluations. Un autre aspect, une logique d’acquisition des compétences à partir d’une méthodologie basée sur le traitement des situations.»
Pour permettre l’appropriation de ces nouveaux programmes par les enseignants et le personnel d’encadrement, il est prévu à partir de ce 2 septembre des formations dans les chefs-lieux de départements. Ces formations vont se dérouler en deux vagues: la première vague court du 2 au 11 septembre et concerne les départements de Brazzaville, des Plateaux, de la Cuvette, de la Cuvette-ouest, de la Sangha et de la Likouala. La deuxième vague prend le relais à partir du 20 jusqu’au 29 septembre. Les départements concernés sont: Pointe-Noire, Kouilou, Niari, Bouenza, Lékoumou et Pool.
Des supports pédagogiques pour ces programmes (cahiers d’activités pour les élèves, faisant office de manuels scolaires ainsi que des programmes éducatifs et guides pédagogiques pour les enseignants) seront mis à la disposition dès cette rentrée à titre gracieux aux acteurs de l’ensemble du système éducatif (secteur public et privé), a insisté le ministre de l’Enseignement préscolaire.
Les programmes scolaires révisés des classes restantes du primaire et du secondaire premier cycle (CE1, CE2, CM1, CM2, 4e et 3e) seront mis en œuvre à partir de l’année scolaire 2023-2024.

Germaine NGALA