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FOOTBALL : Le fric d’abord, la patrie après !

FOOTBALL : Le fric d’abord, la patrie après !

Toutes les énergies du football congolais sont progressivement mobilisées en vue de la 7e édition du CHAN (Championnat d’Afrique des nations, compétition réservée aux joueurs locaux), en janvier prochain en Algérie. Mais en l’espace de quelques semaines, plusieurs joueurs portant encore les couleurs d’équipes locales ont fait le choix d’aller vers l’Europe ou d’autres pays africains dans l’assurance d’améliorer leurs conditions de vie.
Il y a eu tout d’abord Francis Nzaba, jeune défenseur central des Diables-Noirs. Destination, la Turquie, à Istanbul Basakssehir. Une véritable première, car jusque-là, les Congolais ayant évolué dans ce pays y sont arrivés en provenance d’autres pays européens. Les clubs locaux successifs du libero congolais auraient été dédommagés.
Les attaquants Archange Bintsouka et Gautrand Ngouonimba, autres joueurs des Diables-Noirs, ne tarderont pas à suivre le mouvement. Le premier a posé son baluchon au Kosovo, au KF Drenika, le second, en Albanie où se trouvait déjà un autre Congolais, Chandrel Massanga-Matondo.

Wilfrid Nkaya

Pendant la même période du départ des deux derniers, le milieu de terrain de l’AS Otohô, Brel Mohindiki, a été enrôlé par Al-Mussanah, à Oman.
Les Congolais ont aussi la cote en République Démocratique du Congo. A commencer par l’ailier Wilfrid Nkaya qui a pris le chemin de Lubumbashi où il s’est engagé pour deux ans avec les Corbeaux du T.P Mazembé, le club du richissime homme d’affaires Moïse Katumbi et le plus titré de ce pays. Puis le défenseur d’aile Prince Mouandza Mapata a rejoint Vita Club de Kinshasa où il aura pour coéquipiers deux autres Congolais, Varel Rozan et Tim Motopelé arrivés chez les Dauphins noirs en 2021. Puis suivront, tour à tour, l’avant-centre Jaurès Gombé (AS Otohô), l’ailier Elvis Ipamy (Etoile du Congo) et le milieu de terrain Dua Ankira (qui était sans club depuis la fin de son aventure avec le club marocain de Difaâ El Jadida), tous ayant signé au DCMP de Kinshasa. La RDC a aussi attiré le milieu de terrain défensif des Diables-Noirs, Harvy Ossété, et le défenseur latéral Dimitri Bissiki Magnokélé, séduits par les propositions du FC Lupopo de Lubumbashi, rival du TP Mazembé. Et ce n’est pas fini ! Le gardien de but Wilfrigon Mongondza et l’attaquant Moïse Kounkou sont allés en Côte d’Ivoire, au SC Gagnoa. Et il ne serait pas étonnant que d’autres footballeurs congolais empruntent à leur tour ces chemins de l’exode.

Dimitri Bissiki Magnokélé

Face à la désapprobation de leurs choix par de nombreux compatriotes, ils auraient justifié leur décision d’aller dans des pays aussi improbables que le Kosovo ou l’Albanie : «Les footballeurs sont comme n’importe quel travailleur, nous voulons gagner de l’argent et aider nos familles». Le choix financier l’a donc emporté sur le projet sportif. En effet, la majorité des clubs congolais font face à d’énormes difficultés financières et d’organisation. Les footballeurs luttent pour survivre, peinant à joindre les deux bouts. Des joueurs à qui on manque de respect, n’arrivent pas à bien manger, à se vêtir. Certains sont obligés de courir après 500 ou 1000 francs CFA pour rentrer à la maison en bus après l’entraînement. On est encore bien loin de ce qui se passe au Gabon et au Cameroun où l’Etat assure tout ou partie des salaires des joueurs d’élite, ou en RDC où le sponsoring commence à s’ancrer progressivement dans les mœurs, pour ne citer que ces pays d’Afrique centrale.
Dans un tel environnement, la plupart des joueurs pensent que le salut est dans l’exode. Leurs parents aussi. C’est donc un lourd tribut que le football congolais paie à l’exode. La FECOFOOT envisage un véritable statut du joueur, avec un traitement mensuel à l’appui pour le fixer. En attendant, il sera difficile de présenter une formation compétitive en Algérie : comment, dès lors, s’étonner des déboires successifs du football congolais?

Guy-Saturnin MAHOUNGOU

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A propos de l'auteur

Editorial

CONSCIENCE D’UNE NATION

Il est surprenant que le Congolais, malgré les événements pesants qui lui sont tombés dessus dans cette décennie ou les décennies antérieures garde la bourse de ses préjugés intacte. Il repart bien volontiers sur les horreurs de la guerre tribale de 1959, pour en faire le marqueur de l’histoire qu’il conserve et entretient. « Quel est votre nom déjà ?»

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