Le Ghana, se prépare à élire son président lundi 7 décembre 2020, dans un scrutin qui s’annonce particulièrement serré entre deux adversaires politiques de longue date. Les résultats de cette élection seront très attendus du fait que ce pays est réputé pour être un exemple démocratique en Afrique de l’Ouest. Le Président Nana Akufo-Addo, 76 ans, candidat pour le Nouveau parti patriotique (NPP), brigue un second mandat face à son prédécesseur John Mahama, 62 ans, leader de l’opposition, du Congrès national démocratique (NDC). En 2012 et en 2016, ils s’étaient déjà affrontés pour accéder à la magistrature suprême. Chacun remportant de justesse l’un des deux scrutins. Le scrutin a comme un air de déjà-vu, même si onze autres candidats, dont trois femmes, sont en lice, parmi lesquelles, l’épouse de l’ancien chef de l’Etat Jerry Rawlings et une ancienne miss de ce pays.
Les prétendants devront convaincre les 17 millions d’électeurs ghanéens, dont plus de la moitié a moins de 35 ans, qui éliront également leurs 275 députés. Selon des enquêtes pré-électorales, les principaux enjeux de ce scrutin sont le chômage, les infrastructures, les routes, l’éducation et la santé. Ce pays riche en or, cacao et plus récemment pétrole, a connu une forte croissance depuis le début des années 2000. Et le taux d’extrême pauvreté a été divisé par deux en moins de 25 ans. Mais, certaines régions, notamment dans le Nord, continuent de vivre dans le plus grand dénuement, sans eau potable ou électricité. Aussi, la crise due au coronavirus a durement touché le pays, dont la croissance cette année devrait tomber à 0,9%, selon le FMI, soit le taux le plus bas observé depuis plus de 30 ans, contre 6,5% en 2019.
Le Président sortant a été salué pour sa gestion de cette crise, et il a tenu certaines de ses promesses de campagne de 2016. Le candidat Mahama devra de son côté faire oublier les accusations de mauvaise gestion économique qui avaient empêché sa réélection en 2016.
Cette année, il peut toutefois compter sur sa colistière, Jane Naana Opoku-Agyemang, une ancienne ministre de l’Education, réputée comme intègre et originaire du Centre, l’une des régions clé pour remporter le scrutin. Dans les sondages, M. Akufo-Addo arrive devant M. Mahama, mais de nombreux analystes prédisent que la majorité dont dispose son parti au Parlement pourrait s’effriter.
Avec le coronavirus – qui a officiellement touché depuis mars plus de 50.000 personnes et fait 300 morts la fièvre électorale ne s’est pas emparée du pays. Le Ghana a toujours échappé aux violences post-électorales et les transitions politiques se sont largement déroulées dans le calme, contrairement à plusieurs de ses voisins ouest-africains.
Plus de 62.000 membres des forces de sécurité devraient être déployés à travers le pays. Quand aux deux rivaux politiques, ils s’apprêtent à signer vendredi «un pacte de paix», signe d’un très fort attachement à la démocratie dans ce pays. Ces élections devraient se dérouler dans le calme, en tenant compte du nombre important d’observateurs internationaux et locaux prévus pour ce scrutin.

Alain-Patrick MASSAMBA