Décédé le 16 juillet à Pointe-Noire, l’ancien international de football Maurice Ondjolet ‘’FOM’’ a reçu le 12 août 2023 les hommages de reconnaissance au Stade municipal de la capitale économique. A cette occasion Jean-Michel Mbono ‘’Sorcier’’, son ancien coéquipier, au nom de l’UNAFIC (Union des anciens footballeurs internationaux du Congo), a salué la mémoire de l’emblématique footballeur qu’il fut, dans l’oraison funèbre dont nous publions ci-après quelques extraits.
« Aujourd’hui le 12 Août 2023, c’est un moment de tristesse parce que toute séparation laisse derrière soi, une pointe de douleur, le sentiment de l’abandon, un vide que nul ne peut combler. Mais aujourd’hui, c’est aussi un moment de grande joie, parce qu’on sait que FOM a rejoint le tout puissant. Il est juste de l’autre côté du chemin et nous sommes convaincu qu’il est maintenant avec Foundoux ‘’Mulélé’’, Dzabana ‘’Jadot’’, Nzaou ‘’Jonquet’’, Habibou Tall, Loukoki ”Kopa”, Makouana ‘’Bolida’’, Maxime Matsima, Ongagna ‘’Excellent’’, Jean-Pierre Elouma, Bibanzoulou ‘’Amoyen’’, Thomas Gilbert Mankoundia, Félix Mangaphout, Syvestre Mbongo et autres Mamboma ‘’Goyave’’, Gavo Germain, Jean-Claude Ganga, etc., qui l’ont précédé.
Le co-fondateur d’Abeilles FC, le médaillé d’or de la Coupe des tropiques de 1962, le médaillé d’or des 1er Jeux africains de 1965, l’ancien sélectionneur national, l’ancien directeur technique national a passé l’arme à gauche.
A titre personnel, j’ai le souvenir d’un homme simple, jovial, affable, intelligent, libre, de bonnes mœurs. Lors de notre dernière rencontre, le 4 mai 2022, quand je lui demandais: ‘’Grand ! comment vas-tu ?’’. Avec beaucoup d’humour, il me répondait: ‘’mon petit, je n’ai pas changé, toujours le même- FOM demeure Maurice Ondjolet longtemps après que l’heure de la retraite a sonné. Mon esprit est demeuré le même. A près de 80 ans, je suis sans cesse en alerte, toujours vif, Ma mémoire est aussi bien entretenue que les meubles qui ornent mon salon »
Quant à notre dada, le football, il en parlais ainsi : ‘’Mon petit, j’ai toujours senti et j’en rêve même parfois, qu’il existe en moi une force qui me permet de réaliser des choses, d’aller au bout de mes envies. Aujourd’hui, je fais le bilan de mes accomplissements, et je me demande si j’ai encore le temps à près de 80 ans de mener à bien d’autres projets. J’ai le sentiment de ne pas encore avoir terminé ma mission. Finalement, quand je vois la manière dont est traité le football aujourd’hui, je pense que le travail n’est pas fini’’.
La vie, chers amis, est comme un front de guerre. Il y a ceux qui tombent et ceux qui se relèvent et continuent la lutte. Donc FOM, après avoir résisté, vraiment résisté, est enfin tombé. Nous qui restons, continuons à jouer les prolongations.
Filles et fils du Congo, souvenez-vous de ces dates inoubliables : 4 janvier 1959 (Diables-Noirs, champion de l’AEF) ; 1962 : Congo, vainqueur de la Coupe des Tropiques à Bangui ; 1965 (Congo, médaillé d’or des 1ers Jeux africains) ; 1972 (Congo, vainqueur de la 8e Coupe d’Afrique des nations) ; 1974 (CARA vainqueur de la Coupe d’Afrique des clubs champions) ; 2007 (Congo, vainqueur de la CAN Juniors) ; 2012 (AC Léopards de Dolisie, vainqueur de la Coupe de la Confédération). Vous étiez des milliers et des milliers, sans distinctions de région, de tribu et d’ethnie à descendre dans les rues, en dansant et brandissant le drapeau vert-jaune-rouge.
Aviez-vous besoin de reconnaitre notre région d’origine, notre tribu, notre ethnie pour nous acclamer ? Cela prouve que le sport unit les peuples, le sport est un vecteur d’unité nationale et de paix.
Les Congolais ont su, de tout temps se reconnaitre comme des hommes de paix, des hommes de cœur, des hommes de liberté dans le sport.
Maurice Ondjolet part en laissant derrière lui un riche héritage cependant lourd, qu’il faut entretenir.
FOM fut le grand frère, le père, le doyen de tous en prodiguant les conseils les plus sages aux uns et aux autres. Professeur, il le fut en enseignant aux jeunes l’art de travailler et très bien travailler. Il a largement rempli son contrat. Tout cela n’a pas été vain. La nation reconnaissante n’a pas oublié de rendre ce jour un grand hommage à un champion. Nous voulons à cette occasion remercier très sincèrement la FECOFOOT et son Président.
Pour toutes ces marques d’attention, lors des circonstances éprouvantes pour tous, les footballeurs vous disent très sincèrement merci.
FOM, aujourd’hui les anciens footballeurs voudraient saisir l’occasion de tes funérailles pour solliciter du Gouvernement une assistance plus significative, qui prendrait en compte la personne dans son vécu, pour la satisfaction des besoins vitaux (assistance sociale…). Nous concrétiserons en temps opportun ladite doléance par une proposition de texte que nous soumettons à qui de droit.
Aujourd’hui, tous ici rassemblés, nous sommes venus rendre un dernier et vibrant hommage à Ondjolet. Mais hélas, je dois de rappeler à tous ici aussi que hier, ce même Ondjolet a souffert au cours d’une longue et pénible maladie. Et nous l’avons tourné le dos, nous l’avons tous abandonné, nous l’avons fui. Nous tous, ou presque, ses amis sportifs. Nous devons reconnaitre notre honteuse
Le ballon, chers parents, sera désormais le cordon ombilical qui nous rattachera de vous. Tous ceux qui savent combien vous étiez unis, seront de tout cœur avec nous pour vous plaindre et regretter celui qui n’est plus. Si la part que nous prenons à votre douleur pouvait l’atténuer, nous nous estimerons heureux de l’éprouver avec vous. Pensez donc que vous n’êtes pas seuls pour supporter ce coup terrible et comptez entre autres amitiés dévouées sur la nôtre.
Quant à toi FOM, tu n’as fait que nous précéder. J’espère qu’un jour nous pourrons jouer ensemble au ciel.
Le seigneur t’a appelé, il est venu te chercher, nous t’aimons, tu peux allé en paix. »
Jean-Michel M’BONO ‘’Sorcier’’
(Ancien Diable rouge, ancien Président de la FECOFOOT, Président d’honneur de la FECOFOOT)
