L’Association des journalistes correspondants de presse du Congo que dirige Patrick Okamba, qui est également directeur du Centre international de la presse a rendu hommage, au journaliste Alain Shungu, Dieudonné Alain Shungu Ngongo, à l’état-civil décédé le 17 avril 2022 à Bruxelles, et inhumé le 7 mai dernier en Allemagne. Jour choisit par les membres cette association et d’autres confrères pour lui rendre hommage à Brazzaville.

Evoquant le riche parcours de ce talentueux et brave journaliste, Christian Tsoumou, correspondant de presse de Reuters et de BBC a rappelé «qu’Alain Shungu ‘’Alino’’, comme nous l’aimions l’appeler entre confrères, était originaire de la République Démocratique du Congo, où il a vu le jour en décembre 1961. Après ses études primaires et secondaires ; pour de multiples raisons, il préfère s’installer à Brazzaville, depuis le années 1990. En République du Congo qu’il adopte comme seconde patrie, il, entame une carrière journalistique au sein de plusieurs médias de renommée internationale, notamment RFI, la Deutsche Welle, la Voix de l’Amérique, TV5 et j’en passe. Il a également presté dans les organes locaux tels que DRTV, MNTV, et STV ».
Son professionnalisme, a-t-il souligné, «lui a ouvert autant de portes qu’il a souvent tendu son micro aux acteurs politiques de toute obédience, à la société civile et au simple citoyen. Il a fait acte de bravoure en couvrant sur le terrain, les différentes crises socio-politiques nationales. En juin 2016, en plein reportage à Bétou, sur la situation des réfugiés dans la Likouala, il est interpellé par les autorités départementales qui lui reprochent le fait de n’avoir pas signalé sa présence».
De nature joviale a poursuivi l’orateur, Alain Dieudonné Shungu a souvent entretenu des rapports conviviaux avec tous les confrères. Comme distraction, il aimait les voyages, les loisirs, le tourisme, la musique et la lecture. Il laisse plusieurs enfants. Son inhumation a eu lieu en Allemagne, loin de la terre de ses ancêtres, ses amis réunis au Centre international de la presse, lui ont rendu hommage et souhaité la paix éternelle auprès du Seigneur.

TEMOIGNAGES

-Patrick Okamba, directeur du CIP et correspondant d’Associated Press : «Alain savait s’y prendre quand il y avait une situation qui se présentait et lorsqu’il voulait obtenir une information. Il pouvait vous rendre service sans le lui demander. C’était un passionné du journalisme, et il avait fait de la République du Congo son pays d’adoption».
-Christian Tsoumou : «Il a fait preuve de courage, et a commencé au niveau de la presse internationale dans un contexte difficile. A cette époque les correspondants de presse étaient perçus comme des opposants, mais aussi comme des gens qui vendaient le pays à l’extérieur. Alain a beaucoup fait dans ses rapports entre la classe politique et les correspondants de presse, pour montrer que nous n’étions pas des opposants, mais nous ne faisions que notre travail. Au sortir de la guerre de 1997, il était l’un des rares correspondants de presse qui nous a donnés pas mal d’informations sur ce qui se passait dans le pays. Je garderais justement ce courage qui l’animait».
-Adrien Wayi-Léwi, directeur de la Radio Trans Equatoriale (RTE), premier directeur des Dépêches de Brazzaville : «ace à l’omerta volontaire pratiqué par certains responsables zélés des médias publics congolais de cette époque, Alain Shungu, auréolé par la liberté de ton que lui conférait sa rédaction à Paris, y était avec les autres correspondants le seul journaliste-reporter crédible, sur les deux rives du fleuve Congo. Je souhaite que les politiques congolais ou ceux qui en tiennent lieux devraient lui rendre un hommage mérité pour des services rendus».
-Jean-Clotaire Hymboud, journaliste, directeur de publication du journal ‘’Présence économique’’: «Il était aussi un acteur important au niveau du Centre de ressources pour la presse (CRP) à Javouhey, très peu de gens le savent. On l’a vu également au sein du journal ‘’Aujourd’hui’’ aux côtés de Mfumu, ce qui signifie qu’il a aussi fourbi ses armes au niveau de la presse écrite. Il s’était engagé dans la presse internationale au moment des troubles sociopolitiques que le pays avait connus, ce n’était pas une période facile pour les correspondants de presse. Nous avons perdu un confrère. Suivons ses traces avec une qualité un peu améliorée ».
-Laudes Martial Mbon, correspondant de RFI et de TV5: «Après la formation à Bayardelle, sur le terrain, c’est lui qui a guidé nos premiers pas en journalisme. J’ai travaillé avec lui pour le compte de RFI et cela se faisait toujours en parfaite harmonie ».
-Arsène Sévérin, correspondant de la Voix de l’Amérique : « Il avait une carte de visite bien fournie, et il savait distinguer le boulot de la distraction. Il savait se mettre au service des autres et à former de nombreux jeunes en journalisme».

Alain-Patrick MASSAMBA