De l’armée au journalisme. Ainsi pourrait-on résumer l’itinéraire de Joseph Pambou, ‘’Jo’’ Pambou pour les auditeurs de l’actuelle Radio-Congo. Installé depuis plus de deux décennies à Pointe-Noire, l’homme en semi-retraite que nous avons eu la chance de rencontrer lors d’un séjour à Sibiti, parle d’une voix posée. La passion est toujours là, intacte.
Le public sportif n’oublie pas ‘’Djo’’ Pambou comme reporter des matches de football. C’est peut-être le plus fameux des journalistes sportifs congolais en langue kituba. Il en avait d’autant plus de mérite qu’il n’avait fait aucun stage dans une école de journalisme. Sauf un test de diction, pour voir si sa voix «passait bien». «Tout est parti de mon incorporation dans la section langue de ‘’Combattant rouge’’, une émission de l’armée dans laquelle j’intervenais pour la rubrique Sport. C’est comme ça que je me suis fait remarquer par Joseph Gabio et Germain Bisset, qui m’ont aiguillé vers le service Sport de la radio nationale, pour remplacer au pied levé le principal reporter sportif en kituba, Martin Oualembo, qui avait des démêlées politiques et pris le chemin de l’exil. Nous sommes en 1977-1978», explique-t-il.
Premier test : un derby, Diables-Noirs-Etoile du Congo. Pour un débutant, ce n’est pas aisé. Pourtant, il sera concluant pour ‘’Djo’’ Pambou. Ce dimanche-là, il a fait vibrer les auditeurs par la magie du verbe. «Je suivais déjà l’actualité du football et avais pour modèle Jean-Bruno Thiam. J’avais trouvé la gamme juste et les expressions qu’il faillait pour emballer le difficile auditoire des matches de football», raconte-t-il.
Avec sa façon de décrire les péripéties d’un match, le public n’écoutait plus ou ne suivait plus un match, il le vivait et y participait.
‘’Djo’’Pambou connaissait presque tous les joueurs, et il en a distribué des petits noms à certains. Wamba ‘’La José’’ lui doit une partie de sa célébrité. Il l’appelait désormais par ‘’Ecriture’’ pour ses méandres ballon au pied: «Je décrivais chaque dribble réussi de Wamba par une lettre de l’alphabet, tant il me réjouissait». A Lakou ‘’Abossolo’’, il donnera le sobriquet de « La Boussole». François Makita, Didier Bonazébi et Kékouomi deviendront respectivement ‘’Football’’, ‘’Saviem’’ et ‘’Mig’’, etc.
Sa popularité, ‘’Djo’’ Pambou la doit aussi à sa prédiction des actions phares qui se terminaient par un but. Alors, spontanément, il s’enflammait : «Mu zonzaka ya munu é é é é é é !» (Je l’avais annoncé, en kituba). Les auditeurs appréciaient bien ces moments-là.
Jo Pambou n’avait que le souci de transmettre aux auditeurs ce qui leur était destiné, le plus clairement et le plus objectivement. L’on ne sentait jamais dans son commentaire le moindre penchant pour une équipe ou une autre.
Avant d’être journaliste, ‘’Djo’’ Pambou’’ a été militaire. Recruté à Pointe-Noire en 1969 et affecté à Brazzaville en 1970 comme élève-gendarme, au camp de Bifouiti. Lorsque ce corps de l’armée fut dissous la même année, il servit au Bataillon-para (actuellement Groupement aéroporté).
Il n’y a pas de doute que ‘’Djo’’ Pambou a marqué une génération. Pour les mélomanes, il animait pendant la même période un programme à succès, «Samedi na Brazza». Bien que retraité, l’amour et la passion font qu’il travaille à la pige pour MRCTV, une chaîne privée de Pointe-Noire. Mais pourquoi, diantre, les autorités tardent-elles à décorer ce monstre sacré du micro pendant qu’il en est encore temps?

Guy-Saturnin
MAHOUNGOU