Home Sport JEUX AFRICAINS-ACCRA 2024 : Le Congo au rabais

JEUX AFRICAINS-ACCRA 2024 : Le Congo au rabais

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Natacha Ngoye Akamabi (à droite) a remporté une médaille de bronze

Les Jeux africains, les treizièmes du nom, organisés par le Ghana (8-23 mars 2024 à Accra), ont été outrageusement dominés par l’Egypte. Mais ils n’ont pas fait mentir les pronostics concernant le Congo. Sa moisson de médailles a été plutôt maigre. L’avenir, on le devine, est toujours incertain tant qu’il n’y aura pas refonte des structures. Les mentalités devront aussi changer.
L’Egypte, pays hôte de la prochaine édition en 2028, a raflé 187 médailles, dont 99 en or. Elle se place largement au-dessus du Nigeria (121 médailles dont 47 en or), de l’Afrique du Sud (106 médailles dont 29 en or), de l’Algérie et de tous les autres pays. Le Congo figure parmi ces autres pays. Ses sportifs n’ont pas été capables de monter sur la première marche d’un podium. Cela veut dire que la Congolaise n’a pas retenti une seule fois. C’était déjà le cas en 2019 à Rabat, au Maroc.
Vingt-quatre pays ont décroché au moins une médaille d’or. Le Congo n’en fait pas partie. Ses sportifs n’ont même pas glané une médaille d’argent. Ils ne rentrent au bercail qu’avec cinq « petites » médailles de bronze, une de plus seulement qu’il y a cinq ans. Les quatre premières médailles ont été glanées par le karaté et la cinquième par l’athlétisme avec Natacha Ngoye Akamabi (au 200 m féminin). C’est une déroute ! En réalité, on ne pouvait s’attendre à mieux. Au vu de sa préparation cafouillée, le Congo se savait condamné et les résultats enregistrés sont conformes aux prévisions. Comme souvent, on s’est accroché à la chance et au hasard en mettant en avant l’excuse du manque de moyens. Pourtant, des pays comme Madagascar (4 médailles d’or), l’Erythrée (7 médailles d’or), le Burkina Faso (1 médaille d’or), le Niger (4 médailles d’or), la Zambie (4 médailles d’or), le Sénégal (4 médailles d’or), l’Ouganda (4 médailles d’or), le Bénin (3 médailles d’or), la Gambie (2 médailles d’or) par exemple. Ils ne sont pas plus «riches» que le Congo ! Ils ont glané au moins une médaille du plus précieux métal, l’or. C’est que l’essentiel, pour les Congolais engagés uniquement en athlétisme, au tennis de table, au judo, karaté, football et badminton, était de participer.
Les causes de la piètre prestation des Congolais sont multiples. En fait, aucun progrès durable ne peut être accompli si l’organisation, le suivi, l’encadrement technique et administratif, soutenus par des moyens financiers sur le long terme ne sont pas à la hauteur. Le fiasco du Congo trouve là un début d’explication. L’élite sportive congolaise est handicapée par des facteurs économiques qui la confinent dans des conditions de préparation artisanales. Préparer un champion en 2024 n’a plus rien à voir avec ce qui se faisait en 1960. Les appels à l’abnégation, à la volonté, au patriotisme n’empêcheront plus nos sportifs à revendiquer de meilleures conditions, ceci de manière constante et régulière. Or, c’est ce que le ministère des Sports et les fédérations n’arrivent plus à assurer à leur élite dans ce Congo. Même si le pays est soumis à diverses épreuves et confronté à plusieurs priorités, il est possible de mettre beaucoup de sérieux dans l’organisation du sport. Car le sport, pour un pays, est un miroir qui véhicule son image.
Pour le sport congolais, Accra a été un examen impitoyable. Il en a révélé les faiblesses. Loin d’être accidentelles, celles-ci sont imputables pour une part à l’indigence des moyens et des compétences, pour une autre, la plus importante, à la faillite des politiques sportives menées par le ministère en charge des Sports et les différentes fédérations.
Il incombe aux sportifs, entraîneurs, dirigeants fédéraux et responsables politiques de rendre des comptes après ces piètres résultats, indignes d’un Congo qui rêve de son passé glorieux.

Jean ZENGABIO

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