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La terre, les étrangers et nous

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L’une dans l’autre, l’affaire de l’assassinat à Ouesso de la jeune Sephora et celle de la cession à des Rwandais d’une portion de nos terres, créent un cocktail explosif. Nul ne sait comment tout cela finira. Nos hommes et femmes politiques semblent trop contents d’avoir là une opportunité pour tirer à boulets rouges sur le Gouvernement.
Dans les réseaux sociaux, lanceurs d’alerte et consciences de la diaspora ne sont plus que chapelets d’insultes contre le pouvoir. Contre des « traitres à la patrie », vendant les joyaux de notre couronne avec légèreté, comme s’ils poursuivaient un plan caché. Les dénégations du pouvoir pour corriger la perception que l’opinion a de ces contrats congolo-rwandais, présentés tantôt comme trop cachés et trop opaques, tantôt comme trop simples ajoutent à l’embrouille. Et lorsque la télévision rwandaise s’en mêle pour présenter des terres «acquises au Congo d’une superficie égale à celle de Kigali», le Congolais lambda frôle l’apoplexie !
Dans ce contexte, la série de meurtres commis par des étrangers à Ouesso, à Kellé, à Igné donnent l’impression décidément que nos autorités cèdent le pays aux étrangers avec légèreté. Un Camerounais a tué à Ouesso, ce sont tous les Camerounais qui deviennent méchants. Dans un tel contexte, céder des parcelles de terrain à des Rwandais, c’est carrément, disent les indignés, offrir le Congo à des inamicaux, quelles que soient les raisons. Tous ces événements laisseront des traces.
Mais ils seront aussi l’occasion pour nous tous de nous reprendre. A la moindre fête musulmane, les rue des quartiers, les marchés domaniaux se vident : pas moyen de trouver du pain ou du riz. Ils se trouvent pourtant librement à Noël ou à Pâques, les dimanches et autres jours de solennité ! Nous crions sur les autorités, mais nous devrions aussi nous reprocher de ne pas avoir assez d’ardeur à la tâche pour produire notre oignon (importé du Cameroun), notre tomate ou notre pastèque (produites par les communautés rwandaises à Odziba). C’est bien de garder pour soi les vastes étendues verdoyantes, sauf qu’à la longue l’herbe ne se transformera jamais en légume. .

Albert S. MIANZOUKOUTA

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