Home Editorial Des poux sur la tête du Cardinal Ambongo !

Des poux sur la tête du Cardinal Ambongo !

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Cycliquement dans notre sous-région, les relations entre l’Eglise et nos Etats se tendent. Alors les accusations d’immixtion dans les affaires politiques fusent ; des petites mesquineries sont déversées sur le caniveau de la toile. On parle alors d’ambitions politiques, pour tel ou tel autre prélat. Les catholiques surtout sont alors regardés en chien de faïence, comme des ambitieux sournois qui cacheraient mal leur jeu.
Et qui, en définitive, n’aiment par leur pays, état entendu que le pays dont il est question se résume en la personnalité politique qu’on critique ou à la loi dont on souhaiterait voir la rectification pour le bien du plus grand nombre. Fini alors le long passé de collaboration pacifique où l’Eglise a coopéré à ériger des dispensaires, bâtir des écoles, des ponts ou apporter un minimum de décence dans un pays qui nous appartient tous !
En République démocratique du Congo, nous sommes de nouveau dans cette phase. Le Cardinal Fridolin Ambongo Besungu, Archevêque de Kinshasa, est sous le coup d’une information judiciaire. Le juge Firmin M’Vonde, procureur général de Kinshasa, souhaiterait l’entendre pour des propos constitutifs de délit de propagation de «faux bruits, incitation des populations à la révolte et aux attentats contre les vies humaines». Rien que ça ! Franchement, on a du mal à imaginer le cardinal dans une croisade menant les populations faire des attentats !
Le Cardinal Ambongo est un citoyen congolais qui peut, certes, émettre une opinion déplaisante pour le pouvoir en place à Kinshasa. Il peut même se tromper de jugement. Mais en aucun cas on ne peut croire qu’il peut être amené à vouloir troubler cette paix dont il appelle inlassablement et avec force le rétablissement dans son pays. De tout temps, il invite les autorités à se mettre au service de la nation en ne favorisant pas les causes de haines et de divisions. C’est tout le contraire d’un foudre de guerre à conduire à tout prix à l’échafaud dans un pays qui souffre déjà, à son Est, de trop de sang versé !
Une semaine plus tôt, à l’aéroport international de Kinshasa où il s’apprêtait à embarquer pour Rome, le Cardinal avait déjà fait l’objet de mesures vexatoires. La menace se précise donc et pourrait déboucher sur une mesure de justice, voire un procès. Nous avons deux Cardinaux en Afrique Centrale : celui de Bangui et celui de Kinshasa. Les deux sont très actifs dans le domaine de la paix. Conduire le Cardinal Ambongo devant un tribunal, c’est faire taire une des voix les plus puissantes pour la paix dans la région. Cela s’appelle chercher des poux sur la tête de quelqu’un. Qu’est-ce que le pouvoir y gagnerait ?

Albert S. MIANZOUKOUTA

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