Home Editorial Comme d’habitude

Comme d’habitude

0

Nous avons célébré la Journée du 10 juin dernier, lundi, dans le calme et la paix. Nous remémorant le symbole fort que représenta cette date qui marqua à la fois la fin de la Conférence nationale souveraine et notre volonté ferme de ne plus replonger dans les massacres et les tueries, nous nous promîmes de ne plus jamais retomber dans les épisodes de haine. Promis, juré : nous ne nous lancerions plus jamais à l’assaut des frères pour résoudre nos différends.
Alors, cette proclamation était forte et inédite. Elle nous montrait, après avoir dénoncé nos maux et nos torts les uns envers les autres, la voie tranquille d’un bourgeonnement en tant que Nation. Mgr Ernest Kombo nous amena à nous laver les mains, en signe rituel d’effacement des maux, alors que partout fusaient les slogans du «Plus jamais ça !». Les ennemis d’hier se reparlaient de nouveau, et les instruments de torture cessaient d’avoir cours dans la République qui apprenait à se sourire.
Tout nous semblait beau, tout nous semblait possible alors. Sortant du monopartisme, nous rayonnions de la naïve volonté de ne plus jamais plonger dans les abysses. Ces proclamations et ces promesses ont-elles tenu la route ? Sommes-nous seulement devenus une démocratie avec des institutions qui tiennent solidement la route ? Avons-nous renoncé au fait de recourir à la violence pour atteindre des objectifs politiques ou pour les maintenir à notre seule jouissance ?
Une légère avancée sur cette voie viendra sans doute de ce que la réponse à ces questions sera variée et pas forcément contrainte. Il y en a qui soutiendront que nous vivons en démocratie, tandis que d’autres, les plus nombreux, proclameront haut et fort que nous ne sommes pas une démocratie et que nous n’en prenons même pas le chemin. Les détournements de deniers publics, le favoritisme et même le tribalisme règnent en masse, rendant tout exercice républicain vain. Toute action appelée à s’exercer en toute neutralité de jugement doit obligatoirement plonger dans les évaluations du «d’où est-il ?».
Du reste, même la célébration du 10 juin dernier s’est faite tellement dans l’indifférence qu’on a du mal à y voir un symbole fort de notre volonté de vivre ensemble. C’est devenu une fête comme une autre. Une occasion d’écluser des bières entre collègues sans nous interroger sur le bienfondé d’une journée qui, à l’origine, devait couvrir et effacer les sanglots et le sang de victimes congolaises.

Albert S. MIANZOUKOUTA

Quitter la version mobile