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Les Evêques et la question des terres

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C’est une vraie onde de choc qui secoue le pays actuellement autour de la question des terres congolaises cédées en gestion aux Rwandais. A la fin de leur session extraordinaire, du 21 au 24 mai à Brazzaville, nos Pasteurs voulu savoir ce qu’il en est de cette question qui émeut profondément l’opinion ont échangé avec le Premier ministre Anatole Collinet Makosso. L’initiative est louable. Elle est destinée, quoi qu’on en dise, à chercher à connaître le pourquoi du comment pour ensuite éclairer l’opinion et le peuple des fidèles pour apaiser le pays.
Dans une opinion fortement polarisée, cette démarche a été diversement appréciée. Dans les réseaux sociaux, les diatribes s’en prennent aux Evêques catholiques du Congo soupçonnés, ou clairement accusés de prendre partie pour le pouvoir et les gouvernants ; de céder à la tentation de la corruption ; de trahir leur peuple. Les voix qui affirment que les Evêques ont dit avec courage e qu’ils ont lu dans les accords entre le Congo et le Rwanda sont rares, mais elles existent.
Journal de l’Eglise catholique souhaite inviter au discernement. Vendues, cédées ou octroyées aux hommes d’affaires rwandais, les terres congolaises demeurent la propriété du Congo et définitivement. Dans la Bouenza, le Niari ou le Pool, des portions de terres fertiles ont déjà été cédées à des expatriées. Chinois, Sud-Africains ou Malaisiens et Hollandais (pour ce qui est de l’exploitation du bois) travaillent déjà avec des Congolais pour ce que nous supposons être le bienfait du Congo. Nous ne voulons certainement pas passer pour un pays xénophobe.
Mais nous ne voulons pas davantage passer pour un peuple naïf à qui il suffit de jeter un os pour le voir ignorer les clameurs de souffrance tout autour de nous. Car le problème de nos terres ne pose pas question en soi, mais interroge par la qualité des partenaires supposés. Et par la qualité des intentions qui les anime. En République démocratique du Congo voisine, on affirme haut et fort que les Rwandais attisent la rébellion du M-23 à l’Est. Nous ne sommes nullement autorisés à ignorer le cri de souffrance de nos frères et voisins. Nouer des accords dans ce contexte, c’est nous faire complices du martyre des nôtres.
Si, officiellement, le Congo n’a jamais condamné l’intervention des forces rwandaises en RDC, le moment est peut-être venu de le faire. C’est à cette condition que l’on clarifiera nos propres intentions, et que l’on distinguera l’entrepreneur agricole de la Bouenza, producteur de piment, du belliciste que notre peuple semble voir dans tout acte posé par les Rwandais chez nous.

Albert S. MIANZOUKOUTA

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