Publié à L’Harmattan, dans la collection Etudes africaines, cet essai philosophique décrypte les manières d’assimilation ou d’appropriation de la démocratie dans les nations africaines, pour promouvoir l’alternance et éviter les conflits électoraux.

Ce qui se fait pour nous, sans nous, est fait contre nous», le philosophe congolais Giscard Kevin Dessinga s’appuie sur cette déclaration de Nelson Mandela, pour éveiller les citoyens africains à prendre en main leur avenir politique et économique. Car, certaines réalités dans la plupart des Etats d’Afrique montrent bien que les peuples sont souvent otages de leurs dirigeants quelquefois illégitimes, et de surcroit ils sont loin d’être maître de leur destinée à cause des «démocraties au four et au moulin» ou préfabriquées qui ont gardé dans le fond toutes les caractéristiques des anciens régimes totalitaires.
La démocratie qui a été imposée sous l’influence de la chute du mur de Berlin, et du sommet France-Afrique de la Baule, semble tarder de devenir une culture dans les sociétés africaines. Le manque d’instruction des mandants, la mauvaise foi des leaders politiques (gouvernants et opposants) et les violations tous azimuts des libertés fondamentales représentent les principaux obstacles à la consolidation de la culture démocratique en Afrique.
Pour surmonter ces écueils, l’essayiste propose trois pistes de réflexion. Plus qu’une simple spéculation érudite, cette réflexion s’inspire du vécu et vise en fin de compte la praxis. Dans le premier chapitre, l’auteur montre les limites historiques de la pratique démocratique en Afrique. Il démontre que les dirigeants africains n’ont pas adopté la démocratie comme régime de gouvernance de leurs pays, de plein gré. Et la mentalité des populations n’est pas suffisamment préparée aux exigences éthiques d’une vraie démocratie. Le clivage identitaire, l’intérêt particulier, l’intolérance semblent prendre le dessus sur le principe de citoyenneté, l’intérêt général et l’esprit du consensus.
Le second chapitre porte sur l’enjeu démocratique. Les deux piliers de la démocratie sont ici rappelés. Les élections qui doivent être libres et transparentes pour permettre l’expression de la volonté générale, et l’alternance qui réside dans la limitation des mandats et réduit les tendances absolutistes ou monarchiques. Cela grâce à l’indépendance de la justice et de la presse qui garantissent la légitimité et la participation du peuple souverain.
Le dernier chapitre du livre, relève quelques perspectives pour redorer l’image de la démocratie africaine. Pour commencer, affirme l’auteur, il faut vulgariser et faire aimer l’enseignement de l’histoire leur pays et de leur contient à la jeunesse pour qu’elle ne répète plus les erreurs mortifères et pernicieuses du passé. En plus, que le représentant du peuple à tous les niveaux de la communauté (quartier, village, commune urbaine, circonscription électorale, etc.) ne soit plus nommé mais qu’il soit choisi et élu parmi les habitants des lieux.
Selon l’auteur, un peuple mûr ne doit pas choisir comme chef, ni soutenir le bon orateur qui trompe, le riche qui corrompt ou le cruel qui terrorise ou qui divise pour mieux régner, mais il doit plutôt se choisir un leader honnête, exemplaire, soucieux du bien-être commun et impartial.

Aubin BANZOUZI