Après le coup d’essai ‘’Ndjele Ndjele’’, Mel Malonga, artiste-musicien bassiste, chanteur, arrangeur, et auteur-compositeur congolais à cheval entre l’Europe et son pays natal, s’apprête à mettre sur le marché ce 22 janvier, le deuxième album de sa discographie, intitulé ‘’Wâ’’. Il nous en dit davantage dans cette interview.

*Tout d’abord, qu’est-ce qui vous amène au pays?
**Je suis Congolais, je travaille en Europe, et j’aime toujours revenir au pays, parce que j’aime bien partager mon expérience avec les artistes qui sont sur place. Et en dehors de cela, j’ai ma famille, mes enfants ici.

*C’est quoi votre actualité?
**Je viens de réaliser un album intitulé: ‘’Wâ’’ dont la sortie officielle est prévue ce 22 janvier. Wâ signifie écoute, prête l’oreille, entends, analyse, comprends, et agis pour construire. En fait, souvent quand on parle de Wâ, quand on écoute, c’est vraiment pour construire quelque chose. Donc, il faut écouter pour s’écouter, pour construire quelque chose. Wâ, c’est aussi un appel, une façon de conjuguer les sens des uns et des autres autour d’un mot, le Wâ, qui donne le nom à l’album, dégage l’image la plus importante et la plus nette qui explique toute ma pensée et toute ma motivation à l’endroit d’humains, d’artistes à divertir, à éveiller les consciences aussi.
Ceci dit, Wâ est un album de douze titres autobiographiques dont chacun est toute une histoire que je raconte.

*Comment définissez-vous votre style de musique?
**Le genre de musique que je fais, à la base, c’est de la rumba. Mais, une rumba qui rencontre d’autres genres de musique comme le jazz, la soul, la musique contemporaine.

*Quels artistes vous ont aidé à concocter cet opus?
**J’ai collaboré avec plein de musiciens comme mon compatriote Francky Mouelet, basé à Paris et qui a assuré la réalisation, la prise de son et le mixage. Il y a aussi un guitariste, qui, pour moi, est le meilleur du monde, le Français Sylvain Luc. Il a notamment travaillé dans le titre ‘’Bolé bantu’’ dans lequel je rends hommage à un grand griot congolais, qui m’a beaucoup inspiré, Malonga Léon.
J’ai aussi fait intervenir un grand pianiste, Etienne Stadwijk. En dehors de ça, il y a eu Freddy Massamba, Fany Fayard, la voix d’or…

*Parmi les douze titres, il y a ‘’Pygmées Baka’’…
**C’est toute une histoire, comme d’ailleurs les autres titres de l’album. Quand je suis en Europe, je travaille avec un metteur en scène, comédien, écrivain congolais, Dieudonné Niangouna. Invité à donner un spectacle en Suisse, il m’avait contacté. Par rapport à ce qu’il voulait présenter comme spectacle, il a eu envie d’aller en résidence chez les Pygmées Baka, au Cameroun. Finalement, on s’y est rendu et on a passé des moments inoubliables; on a beaucoup appris; on a beaucoup échangé. C’est en rapport à ça j’ai fait la chanson ‘’Pygmée Baka’’.

*Quels sont vos autres projets?
** Avant de réaliser cet album, j’en avais deux autres qui étaient presque prêts. Mais il y a eu un moment où j’ai senti l’urgence de faire cet album, parce que j’avais constaté que la musique congolaise perdait son identité. Donc, c’est vrai que mon album est vraiment métissé, mais à la base, j’ai voulu vraiment garder l’identité. Car ce sont les rythmes traditionnels kongo que j’ai utilisés comme le Ntsiawa, l’Ekongo Plateau, les rythmes des Bakongo. C’est parce que je suis conscient et reconnaissant d’avoir hérité du patrimoine musical et artistique laissé par nos ancêtres.
C’est comme il y a un adage qui dit, en kongo: ‘’Wadia fua yika dio’’, ce qui signifie: si tu profite de l’héritage, il faut sa savoir le fructifier. Moi, j’ai été dans les Bantous de la capitale. J’ai joué à côté de Nino Malapet, Jean Serge Essous, Ricky Siméon, Jerry Gérard. J’ai appris beaucoup de choses auprès de ces monuments. J’ai été directeur artistique du groupe de Zao. J’ai beaucoup travaillé avec lui de 2012 à 2015; c’est mon père spirituel. Donc, avec toutes ces expériences, avec tout ce que j’ai appris, j’ai senti cette urgence de faire cet album. Donc, musicalement, c’est un album qui est beaucoup chargé; juste en écoutant, on peut apprendre beaucoup de choses.
Après, au niveau des textes, j’ai voulu dire ce que je pense aussi.

*En conclusion, auriez-vous un vœu, un message?
**Pour finir, je dirais que cet album, c’est toute une thérapie. Donc, je souhaite que les gens qui vont l’écouter retrouvent la vie, la belle énergie, la bonne santé, etc.
Souvent, il y a un truc que j’aime bien dire, j’ai même chanté ça dans l’un des titres: je rêve d’un monde où les hommes, comme des instruments de musique, pensent en accord.

Propos recueillis par
Véran Carrhol YANGA