Frappé par la crise économique qui a fortement touché les pays dont l’économie repose essentiellement sur les matières premières comme le pétrole, et confronté au phénomène Boko-Haram à l’image d’autres Etats voisins, la République du Tchad a aussi connu d’autres soubresauts en 2019.

Entre autres: la fermeture de sa frontière avec la Centrafrique, la publication mouvementée de son code électoral, les raids français contre l’Union des forces de la résistance (UFR), l’état d’urgence dans l’Est du pays, le rétablissement de la Cour martiale face aux violences dans l’Est, l’exonération des taxes de biens de première nécessité, l’appel des députés à la cessation des hostilités dans le Tibesti.
La fermeture de la frontière entre le Tchad et la Centrafrique a engendré une transhumance sous la pression des groupes armés. La décision n’a pas freiné la transhumance du bétail entre les deux pays, mais a compliqué les conditions de flux saisonniers des troupeaux d’un pâturage vers un autre.
Par ailleurs, en 2019, le code électoral a suscité des vives controverses entre pouvoir et opposition. Il y a un peu plus de 10 ans, le Tchad a adopté un système de dialogue où majorité et opposition s’accordent sur les questions politiques avant de les transmettre au gouvernement. Mais en 2019, des modifications ont porté notamment sur le nombre de députés qui siégeront au prochain Parlement; l’opposition proteste: elle dit n’avoir pas été associée au processus.
La composante de l’opposition au sein du Cadre national de dialogue politique (CNDP) avait rejeté l’adoption par le gouvernement de ce nouveau projet de code électoral. Ce n’est pas un travail issu du dialogue politique, dénonçait le député Saleh Makki, un des signataires du texte. L’opposition reprochait au pouvoir d’avoir diminué le nombre des députés de 188 à 161 alors qu’entre temps, la population a augmenté.
Aussi, N’Djamena a échappé de peu à un bain de sang comme ce fut le cas en février 2008, n’eussent été les bombardements par l’aviation française des colonnes rebelles qui avançaient en direction de la capitale. Puis, le procès des présumés rebelles capturés suite à cette opération de l’armée française. Le verdict prononcé mardi 27 août 2019 concernait 200 membres de cette colonne rebelle stoppée. Le ministre de la Justice annonçait la décision de la Cour: le chef des rebelles et neveu du président Déby, Timan Erdimi jugé par contumace, écopant la plus lourde peine.il s’agit de la perpétuité, appliquée aux commandants et les soldats, des peines allant de 10 à 20 ans de prison. En revanche, plusieurs mineurs faisant partie de ce commando avaient été relaxés.
Autre situation qui a préoccupé le Tchad en 2019: les affrontements communautaires à l’Est du pays. Ils ont fait des dizaines de morts, notamment dans le Tibesti, le Sila et l’Ouaddaï. Le président Idriss Déby a déclaré alors l’état d’urgence dans ces zones, d’abord de trois mois avant d’être renouvelé.
Lors d’une réunion ministérielle et sécuritaire tenue à N’Djamena le 30 novembre, un bilan provisoire de l’état d’urgence avait été dressé par les autorités tchadiennes. Celui-ci a été mis en place le 20 août 2019 et renouvelé par le vote de l’Assemblée nationale, pour faire face aux conflits intercommunautaires dans trois provinces de l’Est et du Nord du pays.
Le travail des équipes de pacification avait permis la saisie de près de 10 000 armes de tout calibre, et la fermeture de quatre sites d’orpaillage clandestins. C’est au moins le bilan que dresse le gouvernement après trois mois d’état d’urgence dans les trois provinces concernées.
Enfin pour lutter contre la vie chère, pendant la période du Ramadan, le gouvernement avait exonéré de taxes les biens de première nécessité.

Gaule D’AMBERT