Le pèlerinage de neuf jours qui a retracé les temps forts de la vie de Patrice Emery Lumumba, s’est achevé lors de la journée d’anniversaire de l’Indépendance de la République Démocratique du Congo, le 30 juin 2022. Sa dernière relique, une dent, tout ce qui reste du corps du héros de l’indépendance, vient d’être inhumée, en présence du président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, dans le mausolée de béton et de verre, surmonté d’une imposante statue de Lumumba, érigée à l’échangeur de Limete sur l’avenue qui porte son nom et qui conduit à l’aéroport de Kinshasa.

La cérémonie a eu lieu en présence d’officiels congolais, mais aussi de son homologue, Denis Sassou-Nguesso de la République du Congo et de la famille de Patrice Emery Lumumba. La prise de parole de la famille a été l’un des moments forts de la cérémonie, ainsi que des discours poignants de la part de trois des petits-enfants de Patrice Lumumba. «C’est une étape victorieuse dans le combat de nos parents».
Un discours aussi pour parler de cette troisième génération de Lumumba, de cette jeunesse qui se décrit comme congolaise, mais plus largement panafricaine. C’est par le message de Nyema Lumumba à son grand-père, que s’est achevée cette prise de parole familiale. Un texte qu’elle a voulu comme une réponse à la lettre testament écrite il y a plus de 61 ans par Patrice Lumumba, juste avant de mourir, adressée à sa compagne Pauline.
Le président Tshisekedi Tshilombo a souhaité un bon retour au héros national et s’est félicité de pouvoir enfin offrir une sépulture au martyr de l’indépendance. «C’est la levée d’un deuil entamé il y a 61 ans». Puis, il a remercié la Belgique d’avoir rétabli la vérité sur ce tragique assassinat. «C’est seulement avec la vérité et quand l’on aura établi les responsabilités que nous pourrons aller vers le pardon, la justice et la réconciliation définitive», a-t-il renchéri.
Une plainte a été déposée, en 2011, en Belgique où l’affaire est en cours d’instruction par la famille Lumumba. Sur la dizaine de personnes mises en cause, il n’en reste plus que deux encore en vie. Une course contre la montre s’est engagée, mais elle n’empêche pas Amaury Lumumba, l’un des petits-enfants, de rester confiant.
Présent à la cérémonie, le président Denis Sassou-Nguesso a honoré la mémoire du disparu par le dépôt d’une gerbe de fleurs devant son cercueil. Il a déclaré en substance que «Lumumba n’était pas seulement un héros congolais, mais un héros africain. En 1960, nous avions suivi depuis Brazzaville son discours devenu historique».
Après la restitution officielle par la Belgique à la RD Congo de la dent de Patrice Lumumba, le 20 juin, le cercueil du héros national congolais était arrivé le 22 juin dans son pays, puis transporté dans le Sankuru sa terre natale; à Kisangani, son fief politique, puis sur le lieu de son supplice. D’après les historiens, c’est son discours virulent contre le racisme des colons belges qui l’a fait entrer dans la légende, le 30 juin 1960, jour de la proclamation de l’indépendance de l’ex-Congo-belge. Après seulement 75 jours, il était renversé et, quelques mois plus tard, assassiné avec deux compagnons, le 17 janvier 1961 à Shilatembo dans le Haut-Katanga, par des séparatistes katangais et des mercenaires belges.
Il a fallu des décennies pour découvrir que des restes humains de Lumumba avaient été conservés en Belgique, quand un policier belge ayant participé à la disparition s’en est vanté. Le deuil national débuté lundi 27 juin s’est achevé après l’inhumation de la dépouille du héros.

Alain-Patrick MASSAMBA