Pays en crise politico-militaire depuis des décennies, la République centrafricaine semble ne pas sortir du spectre de la guerre. La réforme de la Constitution est dans les tuyaux du Parlement depuis des semaines. Le débat est vif, car la révision du texte fondamental de 2016 pourrait permettre à Faustin Archange Touadéra de rempiler pour un troisième mandat à la tête du pays.
La réforme peut être approuvée, soit par l’Assemblée nationale, soit par voie référendaire. Ce qui soulève de vivent protestations de la part de l’opposition qui estime qu’en l’absence du Sénat, l’Assemblée nationale seule ne peut pas modifier la loi fondamentale.
Mais pour le ministre conseiller spécial du président Touadéra, Fidèle Gouandjika, «ce que veut le peuple souverain, c’est une nouvelle Constitution et non une modification simpliste d’une Constitution qui a été mal écrite». Ce qui justifie, selon lui, le recours au référendum.
Mais pour Dominique Erenon, juriste et opposant, quelle que soit la voie utilisée, cette résolution est une diversion pour la population. «Les préoccupations des Centrafricains sont ailleurs: la sécurité, l’autorité de l’Etat, les problèmes d’eau et d’énergie… il n’y a pas de carburant, mais on nous brandit plutôt la volonté de réviser la Constitution. Les Centrafricains attendent les formes plus efficaces de la gouvernance publique pour que leur quotidien, leur vie change».
Même réaction du côté de la plateforme de la société civile G16: son porte-parole Ben Wilson Ngassan trouve cette proposition incohérente, alors que les élections locales ont été reportées sine die «aujourd’hui, on nous dit qu’il n’y a pas d’argent dans le pays pour organiser les élections locales mais il y a quand même de l’argent pour organiser le référendum constitutionnel. Cela en dit long sur la volonté du pouvoir en place de se maintenir coûte que coûte aux affaires».
Du côté du Front républicain, organisation de la société civile proche du pouvoir en place, on estime au contraire que les propos de Fidèle Gouandjika «cadrent parfaitement avec la demande d’ouvrir une consultation populaire», sur la Constitution.

Gaule D’AMBERT