Celui qui fut un numéro 10 de génie, une inspiration pour de nombreuses générations et donna de la joie aux férus du ballon rond dans les années 1960 et 1970, a été porté en terre au cimetière du centre-ville de Brazzaville. Triste samedi que ce 4 juillet 2020. Dès les premières heures, le soleil a accompagné les pleurs de la famille sportive, amis, fans et officiels venus rendre un dernier hommage à celui qui incarnait le football-passion. Il y a eu d’abord la levée du corps à la morgue municipale.

Puis la cérémonie officielle au Stade Président Massamba-Débat, l’arène dans laquelle Foundoux’’ Mulélé’’ remporta la médaille d’or au tournoi de football des 1ers Jeux africains, en 1965, et fit un petit pont au roi Pelé qui chancela, ensuite, lors de l’historique Congo-FC Santos du Brésil (2-3) en 1967.
Le vice-président de l’Assemblée nationale, Léon Alfred Opimbat, le conseiller spécial du Président de la République, Jean Dominique Okemba (un fan et un dirigeant effacé de Patronage Sainte-Anne depuis quatre décennies au moins), aux côtés du directeur de cabinet du ministre des Sports, Jacques Gambou, ont tenu à participer personnellement à cette cérémonie d’adieu et déposer, chacun, une gerbe de fleurs devant le cercueil du défunt. De même que le président de la Fédération congolaise de football, Jean-Guy Blaise Mayolas.
Auparavant, la gorge nouée, Michel Miéré ‘’Chine’’ et Jean-Michel Mbono ‘’Sorcier’’, deux rescapés des 1ers Jeux africains, ont apporté un touchant témoignage sur leur ancien compagnon disparu. Le premier et Foundoux se sont connus en culottes courtes. «C’était en 1960 au lycée technique», s’est souvenu ‘’Chine’’. «Et dans Patronage Sainte-Anne, nous avons résisté à toutes les tentations… Nous avons décidé de demeurer fidèle à cette équipe, notre équipe», a-t-il révélé. Ils ont effectivement réussi ce pari. Le deuxième a longuement loué la carrière sportive exceptionnelle de ‘’Mulélé’’, montré qu’en son temps il a su aimer le football et se faire aimer, et souligné, malgré le temps qui a passé, que ‘’Mulélé’’ reste un champion. «Quand on est champion, c’est pour toute la vie. Même à 60 ou 80 ans, un champion reste un champion», a-t-il martelé.
L’émotion était aussi palpable sur les visages et dans la voix de ceux que Foundoux ‘’Mulélé’’ a parrainé dans Patronage Sainte-Anne, ces jeunes à qui il a fini par passer le témoin.
Jean-Bertrand Balékita ‘’Eusébio’’, dont la carrière débuta véritablement en 1967 dans Patronage Sainte-Anne (avant Etoile du Congo et ses pérégrinations dans le foot professionnel en France) a expliqué qu’il s’était inspiré du jeu de Foundoux ‘’Mulélé’’.
Aubin Kimbolo s’est rappelé que s’il a pu porter pour la première fois le maillot ‘’Bleu et blanc’’ à 16 ans (en 1972), c’est grâce à ‘’Mulélé’’.
«C’était surtout un homme d’une qualité extraordinaire. Il avait une forte personnalité. La vie était facile pour lui», a raconté Didier Mengalvio ‘’Didi’’.
Pour Aimé Poungui, un autre ancien de Patronage Sainte-Anne (qu’il quitta après son intégration dans l’Armée, «c’est une légende. Un meneur d’hommes. Je retiens aussi son engagement au service des autres.».
Quant à Mbemba ‘’Tostao’’, il a rappelé avoir porté dans son enfance à Poto-Poto, le sobriquet ‘’Petit Mulélé’’. Cela veut tout dire !
Pour tous, leurs souvenirs sont et restent leur meilleur compagnon au moment où Foundoux rejoint, a dit Mbono ‘’Sorcier’, «les immortels» du football congolais.
Va, et adieu ‘’Vieux Mul’’! Que les anges t’accompagnent, ballon au pied, vers le Père…

Guy-Saturnin MAHOUNGOU