La drépanocytose ou anémie à hématies falciformes est une maladie héréditaire plus fréquente dans la population de race noire. Elle est due à la présence dans les globules rouges d’une hémoglobine de structure anormale. A l’instar d’autres maladies, elle présente plusieurs complications, parmi lesquelles la hanche drépanocytaire. Celle-ci, objet d’une thématique, a été au cœur des deuxièmes Journées congolaises du réseau de recherche clinique sur la drépanocytose en octobre 2019.

Pour le Pr Alexis Elira Dokekias, chef de service hématologie au Centre hospitalier et universitaire de Brazzaville (CHU), «la hanche drépanocytaire se manifeste différemment chez les malades. Par exemple, chez ceux qui ont la forme totale de la maladie, certains ne marchent pas bien parce qu’ils sont handicapés, d’autres boitillent, c’est invalidant, c’est ennuyeux. C’est une complication redoutable, elle est imprévisible. Parfois malgré les précautions prises, ce mal peut surgir subitement», a-t-il déclaré.
Le dépistage précoce est un élément capital dans la prise en charge efficace de toute maladie. «Cette complication est bien traitée lorsqu’on la dépiste tôt, mais lorsqu’on ne sait pas, on tâtonne, on recourt aux prothèses. On va commencer à changer les prothèses de hanche, or l’os drépanocytaire est un os qui est déformé. Si vous mettez la prothèse trop tôt elle peut se casser, il faut donc réfléchir. Nous avons des problèmes avec les patients parce que leur prise en charge chirurgicale, pour l’instant, est mauvaise, pas parce que les médecins sont incompétents. Nous avons le Pr Moyikoua qui a fait orthopédie ainsi que des jeunes qui en ont faite. Mais ce qui manque c’est le plateau opératoire».
Le Centre de la drépanocytose n’a pas de bloc opératoire, a poursuivi le Pr Elira. Les blocs sont dans les hôpitaux. «C’est pour cette raison que nous nous sommes réunis avec les collègues des hôpitaux pour voir ce qu’ils doivent renforcer dans leur plateau opératoire afin que les enfants malades bénéficient précocement de la prise en charge, c’est-à-dire procéder à une opération qu’on appelle ‘’Forage’’ pour empêcher d’aller vers la destruction qui fera que l’enfant puisse boitiller. Pour y aboutir, les conditions suffisent. Nous avons les ressources humaines, ce qui nous manque c’est le matériel», a-t-il souligné.
Dans les livres consultés, il ressort que cette complication intervient entre 13 et 15 ans. Mais, la réalité a démontré qu’il y a aussi parmi les patients dépistés des enfants de 8 ans atteints de cette anomalie. «Ceux qui ont écrit des livres sont partis d’un constat réel. Mais, lorsqu’on fait un dépistage systématique, on est capable de dépister cela avant 13 ou 15 ans».
Le Pr Elira a appelé par ailleurs les parents à appuyer le corps médical dans la prise en charge des enfants. «Lorsque nous recevons un patient, le plus important c’est l’éducation thérapeutique. Pourquoi? Parce que dans toutes maladies chroniques, il faut une éducation thérapeutique personnalisée. Lorsque nous recevons un parent, nous consacrons les ¾ à l’éducation et ¼ à l’examen parce que si le parent ou l’enfant n’a pas compris la maladie et les règles de suivi, c’est l’échec», a-t-il dit.

Esperancia
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