Depuis la libéralisation de la vie politique et économique au Congo, dans les années 1990, le système sanitaire est devenu de plus en plus défaillant, déboulonné et dangereux pour la population. Le tribalisme couplé aux cartels ésotériques planifient et amplifient la soustraction des vies humaines. Ce qui explique des taux de mortalité à la proportion monstrueuse. Bien que les équipements sanitaires soient rares, la population se plaint du personnel soignant qui adopte un comportement qui les animalise. D’où, la négligence. Le personnel soignant congolais est-il constitué finalement de mages ? Question qui est toujours posée et que se posent les Congolaises et les Congolais.

L’érosion du système sanitaire en République du Congo inquiète de plus en plus les citoyens qui ne savent plus à quel saint se vouer pour éradiquer ce mal. A entendre les cris des plaignants, dans les quartiers, maisons, villages, départements… contre ce qui se passe dans les hôpitaux, il y a de quoi ne pas choisir la République du Congo comme lieu de naissance, de nationalité et de résidence. Les maux sont énormes et le désespoir est dans l’esprit de toutes les familles.
Aujourd’hui, la plupart des médecins privilégient l’argent au mépris du serment d’Hippocrate. Chacun d’eux a un cabinet privé à la cité où il vend chèrement ses aptitudes à coups de bénédictions publicitaires de quelques patients guéris.
Sur le plan matériel, il n’est plus rare de voir un médecin sans moyen de déplacement ou une somptueuse maison d’habitation privée. Avons-nous encore des bons médecins ? Oui. Mais où sont-ils ? Souvent, on les trouve dans les centres sanitaires inconnus, dans les postes de santé primaires (PSP). Nombreux refusent maintenant d’aller se faire soigner dans les grands hôpitaux. Ils préfèrent, pour ceux qui ont une poche assez large, se faire consulter et soigner en Europe ou ailleurs.
A les écouter, le personnel soignant congolais ne rassure plus, comparé à une certaine époque.
On est hospitalisé dans les grands centres hospitaliers pour ne plus en sortir debout. Ainsi, les morgues municipales ont des casiers en débordement. Aujourd’hui, on entend ici et là quelques compatriotes dire: «Je préfère mourir chez moi qu’à l’hôpital, à la suite d’une hospitalisation payante».
Somme toute, les pratiques obscures dans le secteur sanitaire sont devenues monnaie courante. Certains cas de décès, dans nos grands centres hospitaliers sont causés par le personnel soignant censé être du métier. Le cri de désolation de la population congolaise peut-être une vérité axiologique. Souvenons-nous qu’à une date récente dans les réseaux sociaux, un homme, témoignant contre les pratiques du personnel médical, a révélé: «J’ai accompagné ma femme à terme pour la maternité, à l’hôpital de Talangaï. J’ai failli tomber en syncope, en suivant la conversation d’infirmiers et médecins sur le nombre des morts causées, afin d’obtenir plus de dividende. Où est finalement la valeur de notre République? Sont-ils médecins pour tuer ou pour ramener les malades à la vie? Avons-nous déjà dépassé la limite de Sodome et Gomorrhe?».
Les hôpitaux au Congo n’ont plus d’éthique. Seules les cliniques avec des prix exorbitants rassuraient les patients, prétendument. Hélas ! Les seuls responsables de ce désordre sanitaire sont le Gouvernement ou le Parlement qui n’arrivent pas à comprendre que le salut du peuple congolais s’amenuise et se dissipe.
Incapables de produire une réflexion qui éclaire la société congolaise, ils sont des ménopausées politiques.
Et que dire de la formation des médecins d’aujourd’hui ou ceux d’hier, au risque de susciter les susceptibilités des uns ou des autres !
Tout bien considéré, il y a trois catégories de médecins. Ce constat date de quelques années. On distingue donc les médecins ethniques (qui ne regardent que leurs parents et non les autres); les médecins politiques (les alimentaires) et les médecins nationaux (devenus rares).
Que reste-t-il à faire? Faut- il attendre les médecins formés à Cuba? Il faut sauver la République du Congo. L’alerte rouge sonne. Toutes les pratiques obscures contraignent les bas revenus à l’automédication, seule possibilité pour tenter de sauver leur vie.
Le peuple congolais est privé de soins de qualité. Nous le constatons sur les visages de certains membres des familles. L’Etat est défaillant, au plan de sa politique sanitaire. Pas seulement quelques médecins excellents dans l’amateurisme de l’exécution de leur métier, mais il importe aussi de condamner le système politique sanitaire du pays, dans l’ensemble.
Selon leur propre constat, les Congolais pensent que le bilan des prestations du personnel soignant laisse à désirer. On a l’impression que partout ailleurs dans le pays on déplore les mêmes faits.

Célestin Désiré NIAMA