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Cohésion

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Le Gouvernement Collinet Makosso est à l’œuvre. Nous lui en reconnaissons le crédit, même si nous aurions souhaité, vu l’ampleur de la tâche qui l’attend, le voir adopter une autre allure que celle de la tortue. La fable, qui finit bien, pare cette bestiole de beaucoup de vertus, dont celle de la sagesse. Mais nous ne sommes pas dans une fable, vécue ou racontée, et le pays n’a pas à faire à un lièvre furtif et compétiteur, mais à des exigences pressantes et incontournables.
Les mesures annoncées comme prioritaires: déclaration du patrimoine personnel des ministres, restauration de l’autorité de l’Etat, lutte contre la corruption, gestion plus sociale des foyers de crise grâce au dialogue, réforme de l’Etat et nettoyage du fichier de la Fonction publique par son informatisation, automaticité des pensions de retraite dont on pourra régulièrement payer un mois par trimestre, apurement de la dette intérieure, promotion et réaffirmation du partenariat public-privé…Tout cela demande du temps et des moyens. Et, pour une des rares fois dans notre pays, les moyens qui s’exigent ici ne sont pas forcément dans l’argent que nous attendons des autres. Ils sont aussi dans une meilleure prise en compte des ressources propres que nous pouvons dégager, soit par la richesse dont la nature a doté notre sol et notre sous-sol, soit par notre génie propre. Nos fleuves, nos forêts, notre mer; nos mines et le retour sur investissement des infrastructures que nous avons essaimées ici et là sur tout le territoire, peuvent aussi rapporter.
C’est peut-être le moment de montrer un peu de cet orgueil national qui ne devrait pas nous manquer et prouver que les deux mois passés, à genoux, à quémander la «compréhension» auront servi à nous rendre plus sages. Autour de nous en Afrique Centrale, les voisins sabrent le champagne pour fêter les premiers milliards de dollars de facilité élargie de crédit du FMI. Le Congo attend et s’entend renvoyer aux 48 mesures édictées pour se rapprocher des standards de la bonne gestion exigée. Nous sommes regardés avec la même considération que des amuseurs de foire, riches en ressources, mais surtout en facéties. Et pauvres. Cela nous fait gagner du temps, mais vers quoi?
Jamais la dissimulation d’un compte bancaire ou d’une dette, le non-rapatriement de l’argent planqué ne nous feront gagner la bataille de l’autosuffisance alimentaire ou ne nous mettront en meilleure posture pour des prestations de services citoyens plus efficaces. Le temps, nous en avons. Du pétrole, de l’or et du bois aussi. Nous avons une pluviométrie plus que parfaite, une terre généreuse, une population d’éternelle jeunesse et de plus en plus diplômée: alors, pourquoi ça ne marche pas ?
Nous avons dit que ce jeune Gouvernement a des atouts en main avec les défauts de sa jeunesse, qui font que nous attendons de le voir valoriser les talents qu’il renferme. Nous attendons de les voir à l’œuvre. Et pas dans les réseaux sociaux ou les faits divers de caniveau. Un peu de cohésion s’impose désormais pour mieux faire tourner la machine. Il nous faut voir autre chose que ce à quoi nous sommes habitués. Cette rupture sera la marque véritable du premier Gouvernement dirigé par «le tout-premier Premier ministre né après les indépendances».

Albert S. MIANZOUKOUTA

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