Home Editorial Force majeure

Force majeure

0

Le président de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, vient d’annoncer qu’il va finalement briguer le 3ème mandat que sa Constitution lui interdisait. La mort subite le mois dernier de son dauphin déclaré, Amadou Gon Coulibaly, a rebattu les cartes pour les acteurs politiques. Il dit s’être trouvé devant un cas de force majeure. Soit.
Mais l’Afrique semble se trouver trop souvent en face d’irrépressibles cas de force majeure. Au Togo, au Gabon, en Guinée Équatoriale, au Congo, au Tchad, en Centrafrique, au Sud Soudan, en Ouganda, au Burundi… Partout les forces majeures ont imposé leur loi et nos Présidents ont obéi.
Le problème avec les forces majeures est qu’elles ne sont forces et majeures que suivant la perception qu’on en a sur le moment. Elles font trop vite sauter les verrous dans les Constitutions. Elles facilitent trop souvent l’interprétation favorable. Face à elles, les limites d’âge, les envies d’alternance, les volontés des législateurs volent bien vite au vent.
Les forces majeures jouissent d’une telle flexibilité que, de quelque côté qu’on les torde, on trouvera de ses partisans. Et, donc, de ses adversaires.
Nous voyons ce qui se passe en Côte d’Ivoire avec la crainte que cela débouche sur ce qui s’est déjà passé dans les pays où la force majeure a régné. Paix, unité, esprit d’écoute sont quelques antidotes, mais comment les retrouver là où les esprits s’agitent?
Qui reviendra le premier vers le bon sens quand chacun est habilité à brandir le sien tout autant valable? Quelle portion du peuple sera écrasé par cette force majeure qui a fait, chez nous et chez les frères, des dizaines de morts? Quelle portion du peuple sera à sacrifier?
On voit bien: les forces majeures dérangent plus qu’elles n’arrangent. Voilà pourquoi la Constitution, en principe votée à la majorité, ne doit pas servir de bélier à la violation des principes admis par beaucoup. Il y va de la stabilité de nos pays, et de la crédibilité de nos dirigeants qui sont appelés à être de parole.

Albert S. MIANZOUKOUTA

Quitter la version mobile