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Nos droits de l’homme

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Nous nous sommes habitués au fait que pour parler des droits de l’homme, il nous faut d’abord notre petit drame. Ensuite donc, seulement, nous déversons les mêmes propos de commisération sur les victimes que nous présentons aussi, forcément, comme un peu des coupables. Tant que les organisations internationales n’en parlent pas, nous faisons comme nous faisons d’habitude : hausser les épaules et se dire que c’est le destin !
Tant que les organisations internationales ne se saisissent pas du drame, ne le dénoncent pas, n’amplifient pas sa portée, nous considérons qu’il est à ranger dans le registre de l’ordinaire de la vie de chez nous. Des vendeurs fouettés au marché ? Des resquilleurs pris lors d’un match au stade, des petits chapardeurs de quartier, des petits mal-élevés un peu chahuteurs au milieu de la nuit ? On les conduit au trou, où on leur asticote un peu les côtes à coups de brodequins: c’est tout à fait réglo. C’est-à-dire congolais.
Rien de bien particulier, qui vaille la peine de déranger des ONG, n’est-ce pas ? D’ailleurs, ce serait de l’intrusion dans nos affaires bien rangées. Or, c’est bien ici que nous commençons à trop nous habituer. A croire que les droits de l’homme ne concernent pas des vendeurs du marché récalcitrants, des enfermés dans une cellule de commissariat infecte. C’est pourtant bien dans ces petits droits menus que commence le respect des droits de l’homme. Dans l’accueil courtois d’un malade à l’hôpital, ou dans un bureau d’administration. Nous ne faisons jamais repartir le respect des droits de l’homme du seuil de notre porte, au sein de notre peuple.
Nos droits de l’homme ne seront pas respectés tant que nous ne nous convaincrons pas que la dignité de l’homme est un tout. Personne n’en est exclu, par convention ou commodité. Notre ethnie est égale à l’ethnie des autres. Qu’on les appelle autochtones et non plus pygmées, nos frères de la forêt ne seront pas revêtus de la dignité de Congolais par le simple fait de les désigner autrement. En fait, nos droits de l’homme ne sont pas à nous seulement : ils sont les droits de tout homme, à respecter sans «mais», et sans «si».

Albert S. MIANZOUKOUTA

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