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Président et futur président

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Le Président Sassou-Nguesso a levé l’équivoque. Il sera candidat à sa propre succession à la présidentielle du 21 mars prochain. A vrai dire, depuis le temps où ses alliés politiques, les militants de son parti et les mouvements satellites le «pressaient» de prendre la tête de leur bataille électorale, le doute n’était pas de mise. Ce n’est pas au PCT qu’on trouvera des frondeurs; ce n’est pas au PCT qu’on se permettrait de désigner un candidat qui n’en serait pas!
Et puis, nous sommes établis dans une jurisprudence où «on sait comment ça se passe», comme dirait l’homme de la rue. Depuis 1992, la machine électorale est bien rôdée, les signes annonciateurs d’un choix sont assez clairs, la rhétorique est assurée: tout procède de la même logique qui devrait conduire au même résultat. Mais est-ce forcément un mal? Que nous sachions à l’avance comment les choses se passent ou se passeront contribue certainement à créer un climat de familiarité qui exclut les surprises. Mieux vaut ce que l’on connaît que ce que l’on nous invite à connaître et tant pis pour la démocratie !
Que le Président Denis Sassou-Nguesso soit candidat désigné de son parti; qu’il ait choisi Dolisie pour aller donner sa réponse positive et que l’opposition hurle à la triche: il n’y a là rien que de très habituel. La vie politique congolaise a ses «vedettes», ses stratégies éprouvées, ses critiques invétérés et ses soutiens indéfectibles. Ce n’est pas une particularité tropicalisée de quel qu’exemple que ce soit. Tous les pays en sont là. Nous nous acheminons donc vers des élections ordinaires.
C’est le moment de «penser pays». De nous dire que la réussite d’une élection n’est pas seulement fonction des militants qui plongent leur bulletin dans l’urne avec des taux de participation à la soviétique, elle est aussi fonction de ce que cela va apporter au pays en concret. Il est des Congolais qui peuvent jurer en toute bonne foi que les choses vont bien au Congo. Que les quelques grippages de machine au social, surtout, ne sont que des incidents de parcours. D’ailleurs, quel pays n’en a pas!
Mais il se trouve une frange de la population aussi qui peine à faire arriver un morceau de hareng dans son assiette chaque jour. Qui dort chaque soir avec la panique du lendemain: comment manger, se soigner, payer l’écolage des enfants, le logeur… Pour ceux-là, peu importent les noms des politiques: hier comme aujourd’hui et demain seront pareils. Que l’engagement à se lancer dans la bataille électorale attire foule ou pas, ce n’est pas cela qui fera que les journées les plus ensoleillées seront moins sombres au lever pour les exclus et les pauvres.
Il s’agira de faire en sorte que ces deux mondes se rejoignent. Car, on l’oublie bien souvent, le but de la politique qu’exercent les premiers, c’est de faire en sorte que les problèmes que vivent les seconds trouvent leurs solutions par un engagement citoyen. Tant que cette prise de conscience-là ne sera pas assurée; que la notion de service se réduira en un flot de discours et de meetings à tee-shirts, tout restera pareil.

Albert S. MIANZOUKOUTA

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