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Vous avez dit «coup d’Etat»?

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Nous ne savons pas vers quel monde basculera notre Histoire dans les heures qui viennent. Au moment où nous écrivons ces lignes, une épée de Damoclès reste suspendue sur nos têtes. A la suite du énième coup d’Etat en Afrique de l’Ouest, au Niger, la CEDEAO menace de faire intervenir les forces armées de la région pour ramener le président Bazoum au palais. Ira, ira pas : entre craintes d’un embrasement de la sous-région déjà sous l’emprise d’un djihadisme qui fait chaque jour des morts au Burkina Faso, au Mali et en Guinée, ce qui se joue actuellement c’est un certain modus operandi de l’Afrique. Ces trois pays sont aujourd’hui dirigés par des militaires putschistes. L’entrée du Niger dans ce «club» n’est pas pour donner une image plus rassurante de l’Afrique démocratique.
Cette instabilité se développe dans un contexte de rejet de la France et d’humeur hostile à l’Occident. Ces pays parlent et communiquent pourtant en français. Mais les manifestations de soutien ou de protestation affichent immuablement les couleurs annonciatrices d’un monde qui tourne la page : slogans hostiles à la France, drapeau russe dans la foule, vivats pour le groupe paramilitaire russe Wagner etc… L’Afrique de l’Ouest se jette dans l’inconnue avec des choix cornéliens.
Faut-il chasser du pouvoir les militaires putschistes du Niger et tolérer ceux qui sont montés au palais par la force au Mali, au Burkina Faso, en Guinée et même au Tchad? Mais ne pas intervenir, n’est-ce pas entériner un état de fait, soutenir les coups d’Etat comme mode d’accéder au pouvoir? La CEDEAO ne jouissait déjà pas d’une image positive en Afrique de l’Ouest, elle n’améliorera certainement pas son image avec ses positions, quelles qu’elles soient, sur le Niger.
Ses interventions en Sierra Leone, au Libéria et en Gambie n’ont pas été bien vécues par une partie des peuples de ces pays. Un embrasement de la sous-région d’Afrique de l’Ouest accentuera l’instabilité déjà visible avec la guerre au Soudan, les rébellions à l’Est de la République démocratique du Congo. En tout cas, ce ne sera pas le meilleur moyen de ramener la paix en Afrique, ou de rapprocher de la démocratie.

Albert S. MIANZOUKOUTA

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