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Au pays de la démocratie monocolore

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Nous sommes entrés dans la 4è mandature de notre Sénat. La semaine dernière, elle a installé ses plénipotentiaires, choisi son président. S’il s’était agi de langue, on aurait dit que le Sénat parlera désormais une langue unique. La nouvelle Chambre, en effet, est composée à la très écrasante majorité de partisans ou militants du PCT. Honneur au vainqueur. Aux sénatoriales du 20 août dernier, seuls 3 des 72 sénateurs sont venus de l’opposition comme nous l’écrivions déjà. Autant dire qu’elle ne pourra pas même chahuter une loi, espérer la mettre en échec !
Que dire ? On ne peut certes imputer aux vainqueurs la responsabilité de l’échec de leurs adversaires si muets et si fantasques. On ne peut non plus leur demander de verser des larmes sur une situation qui leur est trop favorable. Qu’elle gagne par 6 à 0 ou par un score étriqué, même une équipe de football animée du plus pur esprit chevaleresque n’ira jamais jusqu’à regretter que sa victoire soit une victoire ! Donc, comme nous savons le faire au Congo, l’écrasante victoire de la majorité présidentielle, honnêtement acquise ou fruit de bricolages de couloir, ne pourra lui être contestée !
En plus, pour le citoyen normal, elle apporte la garantie d’une stabilité prolongée : que demande le peuple ! Tout change pour que rien ne change : le PCT est assuré de poursuivre son action et de nous mener là où ses stratèges voudront bien nous mener. Parler d’un Etat-PCT est de la pure mauvaise foi. En attendant les élections législatives dans un peu moins de quatre ans. Les surprises étant interdites en «pécétie», là aussi nous sommes fondés de croire que si par le poids des âges, le jeu des chaises musicales les choses pourraient ne pas être exactement les mêmes, le changement qui viendrait à l’Assemblée nationale aura comme moteur d’impulsion le PCT.
Mais une situation où un seul parti conduit tout, règle tout, régente tout peut ne pas être l’idéal. Elle ne peut surtout pas se donner le vocable de démocratie viable même si on peut lui en concéder les apparences. Et, surtout, un tel pays ne pourra avoir les yeux tournés que vers une seule et unique formation politique, dans l’hypothèse improbable où l’économie, le social, les relations avec les voisins, l’intégration africaine, l’éducation, la santé connaitraient des défaillances. C’est elle qui porterait jusqu’aux échecs humiliants de notre sport. Pure hypothèse. Nous ne sommes pas dans une république soviétique.

Albert S. MIANZOUKOUTA

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