Le développement durable étant l’idée que les sociétés humaines doivent vivre et répondre à leurs besoins, sans compromettre la capacité des générations futures à vivre et répondre à leurs propres besoins.

Le Congo est un pays, riche en matières premières, avec des forêts denses, de grandes étendues de terres arables, de multiples fleuves et une frontière maritime. Il est donc naturellement un pays à vocation industrielle pour son développement. Pour le Congo, son développement durable dépend, prioritairement, de la production, de la transformation in situ des matières premières, et de sa capacité à exporter l’excédent des produits finis issus de ses nombreuses ressources naturelles et agricoles. En effet, avec une population d’environ six millions d’habitants, le marché congolais demeure modeste. Seul, il ne peut garantir un développement durable économiquement rentable.
Le Plan National de Développement (PND) 2022-2026, adopté par la loi n° 3-2022 du 14 janvier 2022, définit les stratégies de développement du Congo autour de six piliers. L’agriculture et le développement industriel étant les deux piliers prioritaires.
Pour un coût financier total du PND 2022-2026 de 8.962.590 000.000 de francs CFA, près de la moitié de ce montant est allouée au pilier développement industriel. D’où toute son importance dans les stratégies de développement du Congo.
La création de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAf), avec la suppression des barrières douanières, entraîne une situation de concurrence économique plus accrue entre les différents pays africains. Dans ce contexte, la compétitivité des entreprises devient encore plus rude, car pour produire, transformer et exporter, elles doivent répondre à des exigences plus contraignantes techniquement et financièrement. On peut citer parmi les exigences: celles de prix et de qualité, du respect de normes internationales, de la protection de l’environnement et de la responsabilité sociétale des entreprises.
Un véritable développement durable d’un pays est difficilement soutenable sur le long terme, avec uniquement des entreprises étrangères, car celles-ci, répondent directement à la géopolitique de leurs Etats d’origine. Cela, avec toutes les conséquences éventuelles sur l’économie locale. Des faits récents de la situation géostratégique du monde le prouvent. En effet, suite à la situation politico-militaire en cours en Ukraine, des entreprises occidentales ont immédiatement cessé leurs activités dans certains pays hôtes comme la Russie, à la demande expresse de leurs gouvernements respectifs. Par conséquent, il est indispensable de créer et développer des entreprises publiques ou privées nationales (avec des capitaux nationaux majoritaires), dans les multiples domaines de l’industrie de production et de transformation. Cela, pour ne pas subir continuellement les conséquences des embargos et des dépendances vis-à-vis de l’extérieur. Elle est une des conditions permettant de garantir un développement durable national, en toutes circonstances.
Actuellement, aucune entreprise congolaise hors pétrole ne figure dans le top 500 des grandes sociétés industrielles et commerciales africaines. Cette situation de précarité concurrentielle nécessite d’être améliorée. Produire et transformer davantage conduit à réduire les importations de biens et services, et à augmenter, éventuellement, les exportations. Ce qui permet de bénéficier, progressivement mais sûrement, de nombreux avantages économiques de la ZLECAf.
Pour améliorer la situation actuelle, et permettre au Congo de mieux affronter la concurrence industrielle à venir avec la ZLECAf, il est indispensable de disposer, à la tête des sociétés industrielles congolaises, de vrais Capitaines d’industrie congolais. Le capitaine d’industrie est le responsable qui oriente la stratégie de l’entreprise, qui tient fermement la barre lorsqu’il faut traverser des tempêtes économiques ou médiatiques, et qui commande réellement ses subordonnés, à l’instar d’un capitaine de bateau. Ce profil d’industriel complexe et indispensable à la tête de l’entreprise est rarement le fruit du hasard.
La fabrication de Capitaines d’industrie passe par une formation adaptée en savoir, savoir-faire et savoir-être. Ils sont, généralement, à quelques exceptions près, des ingénieurs ou polytechniciens, issus des facultés ou grandes écoles de sciences et des technologies.
Malheureusement, la plupart d’établissements d’enseignement supérieur de sciences et des technologies du Congo offrent très peu de formations qui préparent à l’entreprenariat et à la conduite de grandes entreprises industrielles. Les formations proposées répondent très peu aux besoins réels des entreprises. Cet état de fait a été confirmé par une enquête diagnostique organisée auprès des entreprises industrielles de Pointe Noire par l’Université Catholique du Congo Brazzaville (UCCB), dans le cadre de la formulation de son offre de formation.
Pour cela, il est d’ores et déjà utile de changer de paradigme dans la façon de concevoir les programmes de formation pour le développement industriel. Ainsi, pour les facultés et les grandes écoles de sciences et des technologies, il est souhaitable d’associer davantage les industriels dans le processus d’élaboration de leurs programmes pédagogiques. Car, eux connaissent mieux les exigences et les véritables besoins de l’entreprise en matière de ressources humaines en particulier, et de son fonctionnement en général. Un plus grand rapprochement Ecole/Entreprise est nécessaire.

A. Charles SOCKATH
Docteur-Ingénieur, Founder & CEO SO4 Think-Tank